Petite Conversation familiale

Un film de Hélène Lapiower

Petite Conversation familiale

Un film de Hélène Lapiower

France - 1999 - 69 min

Quand j'ai commencé à filmer ma famille, j'avais envie de conserver les images de mon propre monde, qui semblait me filer entre les doigts. Un petit monde juif en voie de disparition comme tous les petits mondes. Je voulais aussi faire le lien entre deux univers. Moi, actrice à Paris et ma famille de prolétaires juifs polonais émigrés. Dilemme d'émigré : à l'intérieur de la famille, on étouffe. A l'extérieur, c'est l'exil. J'ai filmé pendant sept ans ma famille de petits tailleurs juifs dont les enfants se sont tous mariés avec des noirs, des belges et des arabes. Et aujourd'hui je me rend compte du film que j'ai fait La question brûlante est ressortie d'elle même : A quel point ma génération et moi-même avons nous été touchés dans notre intimité par le poids de l' "Histoire" ? Et les grandes valeurs d'ouverture, qui nous ont été transmises, puisées dans l'histoire même des persécutions juives, portaient en elles cette contradiction de mener à la rupture avec l'identité juive. Mon film tourne autour de cette rupture, pleine d'accros, et de ces restes d'identité. Que restera-t-il de tout ça ? Faut-il que quelque chose reste de tout ça? Et "tout ça", c'est quoi?

Avec :
Manuel Cedron , Cécile Garcia Fogel , Franssou Prenant , Eva Ionesco , Elli medeiros et Philippe Pascal

Sorti le 14 juin 2000

Sortie non communiquée

À propos de Petite Conversation familiale

Filmer sa famille c'est prendre le risque de sombrer dans la banalité de cette idée. Le document y échappe. Hélène Lapiower comprend que des êtres si proches et si peu nombreux sont le noeud ou la révélation iconographique de notre monde cosmopolite. Le contenu a la force de l'histoire humaine et la narration du document s'articule comme une fiction. Cet étrange paradoxe est issu d'un remarquable travail de montage. Visages après visages, mots après mots, dans le silence des regards ou le trouble du doute, on approche l'humain, on décrypte la complexité des vies et des pensées avec une grande simplicité. Une famille naît peu à peu sous nos yeux avec toute la richesse de ses distinctions religieuses, ses particularités culturelles et ses divergences. La réalisatrice pose respectueusement son regard, investit sa voix et son corps avec parcimonie, filme les réflexions humaines comme elle filmerait les doigts d'une main. Sa famille est le monde et le monde est une main. La main porte ses cinq doigts, si différents mais tellement solidaires. Elle nous invite dans une famille qui pourrait être la nôtre, riche d'un passé qui persiste dans tous les présents et nous convainc que nos existences dépendent de nos différences.

Dominique Boccarossa

 - 

Cinéaste


Paroles de cinéastes

Recherche

Gestion des cookies

En poursuivant sur ce site vous acceptez l’utilisation de cookies, qui servent à vous proposer une meilleure expérience de navigation (vidéos, photos, cartes interactives).

Tout refuser