Étonnant récit qui prend à rebours les attendus de son titre (...) pour adopter le point de vue mélancolique du "péquenaud" Brian RItchie sur l'histoire des siens et de leur terre ravagée.

Une balade sauvage et lumineuse chez les péquenauds américains.

Au-delà de leur poésie, on écoute la constitution d'une mémoire orale, pendant que les cinéastes s'attachent à capturer les images d'un monde qui n'existe déjà plus.

« Filmer l'ailleurs, c'est aussi et surtout filmer en soi, et questionner son propre monde en se consacrant à un autre. »

De l'adulte vers les enfants. De la douleur à une joie anarchique. (...) Il faut supposer que la puissance de cette rencontre aura d'abord tenu à un ton, un accent, une langue, et que c'est à l'écho de cette musique que se sont accrochés Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe.

Suivi d'un entretien avec les réalisateurs par Raphaëlle Pireyre (Cahiers du cinéma n°771, décembre 2020).

« On essayait d'adapter le film au réel qui s'était actualisé tout en gardant l'idée d'alterner entre des plongées dans le flux de conscience de Brian, dans ses textes, et des sorties de cette intériorité pour être vraiment dans la vie du clan familial. »

« Plus le processus de tournage avançait, plus Brian s'impliquait. En 2015, on découvre qu'il écrit des textes. On vit chez lui dans son mobil-home et on s'aperçoit qu'il a des carnets. Il nous permet de les lire. »

Retrouvez un entretien avec les réalisateurs ici :

Un documentaire fascinant où le père de famille, comme échappé d'une fiction, se raconte dans une langue à la fois rêche et lyrique qui semble épouser les contours des rudes paysages du Kentucky.

Quoique nourri d'une poésie élégiaque d'une terre vaine (« the waste land ») et d'un symbolisme à la Faulkner, le docu ne cherche pas tant à romantiser ceux qui se savent surnommés les « bouseax des collines » ou les « consanguins en salopette ». Mais à fixer leur sentiment de malédiction socio-économique dans un paysage immense et malade, magnifiant l'ennui de gamines assises sur un tracteur, ou de leur frère qui emmerde la Lune, Neptune et Pluton, un doigt d'honneur dressé vers le ciel.

Un documentaire fort, poétique mais aussi sec et rugueux.