The Last Hillbilly

Un film de Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe

The Last Hillbilly

Un film de Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe

France, Qatar - 2020 - 77 min

Dans les monts des Appalaches, Kentucky de l’Est, les gens se sentent moins Américains qu’Appalachiens. Ces habitants de l’Amérique blanche rurale ont vécu le déclin économique de leur région. Aux États-Unis, on les appelle les «hillbillies» : bouseux, péquenauds des collines. The Last Hillbilly est le portrait d’une famille à travers les mots de l’un d’entre eux, témoin surprenant d’un monde en train de disparaître et dont il se fait le poète.

Avec :
Brian Ritchie

EN SALLE

Sorti le 09 juin 2021

En salle

A propos de THE LAST HILLBILLY

Ça commence par les images d'un monde malade et une voix qui nous attrape et ne va plus nous lâcher, une voix qui ose parler de l'ampleur de la vie, de sa beauté, de son tragique. Une voix, celle de Brian, Last Hillbilly du titre, cassée, incantatoire, habitée. Il nous fait rentrer dans son monde : les monts des Appalaches, situés à l'est du Kentucky, état rural et blanc à mi-chemin du Midwest et du sud profond. A partir de ce « tout petit point » : un lieu et une famille, le film déploie en vérité l'histoire de l'Amérique, des pionniers à aujourd'hui. Une histoire de violence et de mort, d'exploitation et de défaites. Une histoire d'amour et d'union des hommes à la terre, à leur terre, qui les fait être ce qu'ils sont, et qui est aujourd‘hui menacée.


On le voit, le film assume un héritage culturel bien ancré dans notre imaginaire collectif. Celui d'une Amérique qui s'est construite autour de figures mythologiques puisant autant dans une esthétique cinématographique que littéraire – on pense, entre autres, aux écrivains Faulkner ou Cormac McCarthy ou aux portraits hallucinés de James Agee dans Louons maintenant les grands hommes. Mais s'il importe aux cinéastes de ne pas se laisser déborder par cet imaginaire, y parvenir n'est pas une mince affaire. Il faut l'exigence d'un cadre qui s'accorde aux fulgurances, aux errances des personnages. Un montage qui ne se laisse pas complètement submerger par la beauté de ce qui est montré. Un travail sonore qui s'apparente à de la composition musicale, toujours au service d'une émotion qu'il s'agit de divulguer avec une évidente élégance.


Avec une extrême acuité, les cinéastes regardent et écoutent Brian, sa famille, la nature. Ils captent avec subtilité cette vie de rien : des enfants rentrant dans une rivière, une tombe familiale dans un cimetière où flotte le drapeau confédéré, l'appel des coyotes qui ne répondent plus mais dont l'écho renvoie l'image de notre présence au monde, un enfant qui se plaint de l'ennui abyssal et injurie l'univers tout en tournant comme lui en une spirale sans fin. A mesure que les cinéastes pénètrent plus avant dans ce territoire, s'approchent des corps, le film qui avait commencé avec l'éclat d'un diamant noir se fait de plus en plus lumineux. A tout instant, la vie est là, indicible et immense.


It all starts with the images of a sick world, with a voice which grabs us and will not let us go, a voice which dares talking of the magnitude of life, of the beauty of life, of its tragedy. This voice belongs to Brian, the last hillbilly, the main character of the film. It is a broken, incantatory and haunted voice. He invites us into his world: the Appalachian mountains, on the eastern side of Kentucky, a rural, mostly white state, equidistant from the Midwest and the Deep South. By focusing on the story of one family living in a specific tiny place, the film also tells the story of the whole country, from the arrival of the first white settlers to 21st century America. It is a story of violence and death, of exploitation and failure. It is also a love story between men and their land, the land that made them who they are and which is under threat today.

The movie transparently bears a cultural legacy that is deeply engrained in our collective psyche: the culture of a country whose pillars are mythological figures sharing a common aesthetic, be it visual or literary. One often thinks of writers such as William Faulkner and Cormac McCarthy, or of the almost surreal portraits of James Agee's most famous novel, Let Us Now Praise Famous Men.


However, if not being submerged by this aesthetic mattered to the directors of The Last Hillbilly, being able to reach it has by no means been an easy task. What was needed was a very rigorous framework which could be adapted to the characters' wanderings and ramblings; an editing which wouldn't be outshone by the beauty of what it portrays, a soundwork evoking musical composition and which serves emotions exposed with elegance.


The film directors observe Brian, his family and the nature that surrounds them with an extremely sharp eye. They have been able to capture the subtlety of these people's paper-thin life: children nimbly walking into a river, a family grave in a cemetery where the Confederate flag flies, human beings howling at coyotes who do not respond anymore, which only leaves them lonelier, a young boy complaining about his colossal boredom and hurling insults at the universe while endlessly spinning around. The further the filmmakers penetrate this territory, the closer they get to their characters' bodies, the more luminous this black diamond of a movie becomes. Life flows at every moment, immense and unspeakable.


Anne Alix

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Cinéaste


Idir Serghine

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Cinéaste


Paroles de cinéastes

A propos de The last hillbilly

Ce que dit Brian c'est que « toute fureur sur la terre » n'a pas été absorbée !

« Cette terre est désertée par ceux qui lui appartiennent / Est-ce un objectif ou une conséquence du progrès... / Si les familles et les foyers sont brisés / Dispersés aux quatre vents ? ». Ce que dit Brian, nul ne l'avait entendu comme les réalisateurs de THE LAST HILLBILLY. Ce que dit Brian est un poème qui relève à la fois de l'épopée, de la méditation, de l'incantation, de la plainte, du souffle chaud aussi. Son chant creuse dans les Appalaches au profond de l'Amérique du Nord, celle qui survit à l'Amérique du confort, des marchandises et des hypermarchés là où tout a disparu, là où l'on a détruit la rentabilité et donc les fonctions humaines. Dans le Kentucky, le “dernier des ploucs” (traduction française de "the last hillbilly") pourrait bien être un pionnier du monde d'après, le premier des hommes : Brian Ritchie et sa famille, vivent complètement en marge de la société de consommation. Démunis, ils ne sont plus tout à fait "les animaux domestiques" que la société américaine avancée a fait de certains de ses citoyens. Ils retrouvent un état semi sauvage, qui est aussi celui d'une lucidité amère et profonde.


        Comment Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe, deux cinéastes lillois ont-ils pu si bien entendre, si justement voir, si précisément filmer le pays de l'herbe bleue dans son chaos, ses éboulements, sa solitude ? On observera que ce couple de réalisateurs est issu d'une Région, les Hauts de France où au coeur du pays minier, certains habitants qui n'ont ni travail ni eu accès aux études supérieures en sont peut-être, abandonnés par les oligarchies, à être eux-mêmes considérés par certains comme des hillbillies des mines, descendants pourtant d'illustres pionniers mineurs. Fils, petits fils de la terre noire, un temps productifs, on leur a fait comprendre à eux aussi qu'ils seraient privés de travail et dès lors privés de dignité. On n'a pas posé la question à Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe mais notre hypothèse est qu'en filmant le Kentucky désindustrialisé, quelque chose en eux s'est peut-être mis à résonner avec les tragédies du Nord industrielles d'hier et d'aujourd'hui. Davantage que les paysages, ce sont les visages et les corps lourds des enfants et de la famille de Brian qui font penser à des corps d'ici.


Pourtant la mythologie américaine est merveilleusement présente dans THE LAST HILLBILLY qui renvoie à sa littérature, à sa poésie et à son cinéma, notamment lorsque sont filmés les animaux, les collines, la lumière naturelle mélancolique ; on est bien dans cette Amérique de la dépression qui saisit il y a un peu plus de 80 ans James Agee (1909-1955) journaliste, écrivain, scénariste. Envoyé par son journal au cours de la grande dépression des années 1930 aux USA pour faire un reportage en Alabama sur la vie des fermiers blancs, Agee fut saisi par leur extrême précarité et revint avec un puissant témoignage doublé d'un reportage photographique idoine de Walker Evans dénonçant les conditions de vie atroces de ces exploités. Cela est devenu le maître-livre Louons les grands hommes dont est extraite cette citation reprise dans Honorer la fureur, la remarquable biographie de James Agee écrite par Rodolphe Barry : « Toute fureur sur la terre a été absorbée ! » THE LAST HILLBILLY témoigne que toute fureur ne sera pas totalement absorbée tant qu'il y aura des James Agee, des Brian Ritchie et des cinéastes comme Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe.

François Derquenne

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Directeur


Cinéma de l'Imaginaire Douchy-Les-Mines
Paroles de programmateurs

L'ACID dévoile sa programmation ACID Cannes 2020 hors les murs

« Tandis que le réel semblait basculer dans une autre dimension, la programmation ACID 2020 s'ingéniait à y trouver des équilibres instables, certes, mais puissants, pour un cinéma peuplé de funambules, dont l'amour éperdu chargé de tendresse insinue en nous des voix qui chantent, et nous entraînent. S'enlacent ainsi sur un fil fiction et documentaire pour jouer avec les abîmes du monde non pour le plaindre mais le produire à distance. Projetons dans un paysage un destin d'enfant ! Que la peur soit éparpillée aux quatre coins de territoires colorés, sillonnés par les vents et les ombres, illuminés. Tel est l'accomplissement auquel, nous cinéastes, vous convions cette année. L'audace invincible persiste, prête à toutes les beautés. » 


Nous avons été 13 cinéastes cette année à visionner pendant des mois plusieurs centaines de films – dont 30 % proposés par des réalisatrices – avec le soin et l'exigence dûs à celles et ceux qui partout dans le monde continuent à créer et à résister.

 

Malgré les circonstances, nous avons choisi de conserver les critères habituels de la programmation ACID CANNES, à savoir nous engager sur le soutien d'autant de films que d'habitude, 9 longs-métrages, avec la même attention particulière accordée aux films sans distributeur et aux premiers longs.

Sur ces 5 fictions et 4 documentaires de création, 5 films ont été réalisés par des femmes.

Nous avons également décidé ces derniers jours, avec la Sélection Officielle, de co-présenter un de nos coups de cœur communs.

Seule la programmation ACID TRIP #4, qui devait être consacrée au jeune cinéma chilien, est reportée à 2021.

 

C'est une aventure de plusieurs mois qui débute entre nous cinéastes, l'équipe de l'ACID et ces films soutenus, même si son point de départ ne sera malheureusement pas la ville de Cannes.

 

Dès le mois de juin, nous travaillerons à la promotion des films auprès de nos partenaires internationaux au sein du Marché du Film de Cannes online. A l'automne, nous accompagnerons en régions des projections professionnelles à destination des exploitants de salles. 

 

Nous accueillerons, en chair et en os nous l'espérons, les équipes de films lors des projections publiques qui se tiendront du 25 au 29 septembre au Louxor à Paris, du 2 au 4 octobre au Comoedia à Lyon, du 8 au 11 octobre au Gyptis et à La Baleine à Marseille. Puis également à la Cinémathèque de Corse, ainsi que dans de nombreux festivals partenaires qui nous font l'honneur de nous inviter en France comme à l'international.

 

L'ACID déploiera ensuite ses dispositifs de programmation, d'accompagnement et d'éducation à l'image grâce à notre réseau de salles adhérentes, de partenaires éducatifs ainsi qu'à nos spectateurs “relais” et jeunes ambassadeurs.

 

Nous avons hâte de vous retrouver, de près, dans les salles de cinéma !


LES 13 CINÉASTES PROGRAMMATEURS 2020 :

Anne Alix, Stéphane Batut, Caroline Capelle, Aude Chevalier-Beaumel, Michaël Dacheux, Philippe Fernandez, Jean-Louis Gonnet, Ombline Ley, Hélène Milano, Alice Odiot, Alain Raoust, Idir Serghine, Laure Vermeersch

et l'équipe de l'ACID


THE ACID CANNES 2020 PROGRAMME:


« While reality seemed to be shifting into another dimension, the ACID 2020 programme was ingenious in finding unstable but powerful balances for a cinema populated by tightrope walkers, whose love, filled with tenderness, insinuates in us voices that sing and carry us along. Thus we embrace a fiction and documentary thread to play with the abysses of the world, not to pity it but to produce it from a distance. Let's project a child's destiny in a landscape! Let fear be scattered in the four corners of colourful territories, criss-crossed by winds and shadows, illuminated. This is the achievement to which we filmmakers invite you this year. The invincible audacity persists, ready for all the beauties. » 

We were 13 filmmakers this year, watching several hundred films for months - 30% of them by women directors - with the care and attention due to those around the world who continue to create and resist.

 

Despite the circumstances, we have chosen to maintain the usual criteria of ACID CANNES programming, namely to commit to supporting as many films, 9 feature films, with the same special attention given to films without distributors and first features.

Out of these 5 fictions and 4 creative documentaries, 5 films are directed by women.

We have also decided over the last few days to co-present with the Official Selection one of our common favourites.

 

Only the ACID TRIP #4 program, which was supposed to be dedicated to young Chilean cinema, has been postponed to 2021.

 

As every year, it is an adventure of several months that begins between us filmmakers, the ACID team and these supported films, even if its starting point will unfortunately not be the city of Cannes.

 

Starting in June, we will work to promote the films to our international partners at the online Cannes Film Market and, in the fall, professional screenings will be held in the regions for exhibitors.

 

We will, we hope, welcome the film teams at the public screenings to be held from September 25 to September 29 at Le Louxor in Paris, from October 2 to October 4 at Comoedia in Lyon, from October 9 to October 13 at Gyptis and La Baleine in Marseille. Then also at the Cinémathèque de Corse, as well as in numerous partner festivals that do us the honour of inviting us in France and abroad.

 

The ACID will then deploy its programming, support and image education measures thanks to our network of member cinemas, educational partners and our "relay" spectators and young ambassadors.

 

We look forward to seeing you, up close, in the cinemas.


THE 13 FILMMAKER-PROGRAMMERS 2020 :

Anne Alix, Stéphane Batut, Caroline Capelle, Aude Chevalier-Beaumel, Michaël Dacheux, Philippe Fernandez, Jean-Louis Gonnet, Ombline Ley, Hélène Milano, Alice Odiot, Alain Raoust, Idir Serghine, Laure Vermeersch

and the ACID team


Article

Les films ACID Cannes 2020 achetés par des distributeurs

Nous sommes heureux de vous annoncer que plusieurs films parmi les neuf programmés à l'ACID Cannes 2020 hors les murs ont été achetés par des distributeurs :

Par ailleurs SI LE VENT TOMBE de Nora Martirosyan sera distribué par Arizona Distribution.


  


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