Si le vent tombe

Un film de Nora Martirosyan

Si le vent tombe

Un film de Nora Martirosyan

France, Arménie, Belgique - 2020 - 100 min

En coprésentation avec la Sélection Officielle du Festival de Cannes

Auditeur international, Alain débarque dans une petite république auto-proclamée du Caucase afin d’expertiser la possibilité d’ouverture de son aéroport. Au contact des habitants du Haut-Karabagh et d’un mystérieux enfant, Alain s’ouvre à un monde nouveau et risque le tout pour le tout.

Avec :
Grégoire Colin et Hayk Bakhryan

Sorti le 26 mai 2021

Sortie non communiquée

A propos de SI LE VENT TOMBE

Il est des films au sein desquels nous ne pouvons pénétrer que par l'abandon de nos certitudes, de notre héritage culturel. Ici, il s'agit, avec le personnage principal interprété par Grégoire Colin, d'investir un minuscule aéroport d'où rien ne décolle, sur lequel rien n'atterrit. Un lieu, comme un sanctuaire, dont notre héros, au terme d'un audit, doit s'assurer de la conformité autant que de l'existence d'un minuscule territoire du Caucase.


Mais c'est à rebours de toute considération rationnelle que Nora Martirosyan nous entraîne. Elle s'emploie ainsi à nous démontrer qu'un territoire, un monde, n'existent en réalité que parce que nous décidons d'y croire. La réalisatrice fabrique avec minutie sa mise en scène en nous plongeant dans des paysages majestueux dans lesquels s'inscrivent ses personnages. Plans et décors ne formant plus qu'une seule matrice dans laquelle des rencontres, des amitiés naissent en dépit de toute raison. Ici, c'est par le prisme de l'émotion que se tissent des liens avec l'autre.

De la journaliste à l'ancien soldat, en passant par le directeur de l'aéroport et le chauffeur, la cinéaste crée des personnages auréolés d'une teinte mystérieuse, presque surréelle. De même, la guerre, les armes et le feu ne sont jamais loin, mais n'ont ni nom, ni visages, ni temporalité. Ils font partie du décor et sont dilués par le « réalisme magique » d'un quotidien ritualisé.


Tous ces éléments mis bout à bout trouvent une place subtile dans un récit construit en réseau. Dessinant le schème d'un territoire à délimiter, de relations inattendues à investir, nous sommes conviés à abandonner nos préjugés et, pour nous en convaincre, il faut suivre le quotidien d'un jeune garçon porteur d'une eau miraculeuse. Allégorie d'un espoir qu'on l'on pourrait distribuer à tout-va, c'est en réalité à une démonstration de la puissance de l'imaginaire que semble définitivement nous inviter la réalisatrice.


Décréter qu'une eau peut soigner, c'est tout autant pouvoir décréter qu'une frontière existe : en somme tout n'est qu'une question de foi. Un arbitraire, une esthétique qui tiennent selon la formule du poète allemand Hölderlin en cette précieuse croyance : l'homme doit habiter le monde en poète.



There are some films in which one can only engage with if they leave behind what they firmly believe in as well as their cultural heritage. In this case, in Si le vent tombe (Should the Wind Drop) we viewers, along with the main protagonist of the movie portrayed by Grégoire Colin, are invited to step into a tiny airport from which no plane ever takes off and on which no plane ever lands. Colin's character is sent to this sanctuary-like airport to conduct an audit on its conformity but his mission is also to prove the actual existence of the minuscule Caucasian country where the airport is situated. 


Nora Martirosyan's story goes against any rational considerations. She applies herself to demonstrate that a territory only exists if we decide to believe in its existence. The visual style she adopts in order to do so is a very meticulous one and the landscapes in which her characters play their part are majestic. Thus the setting and the way she films it merge into one matrix in which the characters meet and become friends in spite of all logic. In the world Martirosyan created, the emotions her characters feel are the only reasons why they forge bonds of friendship. 


From the journalist to the former soldier and from the director of the airport to the driver, all the characters of the movie share an almost surreal aura of mystery. In a similar fashion, war, along with weapons and fire, always seems to be raging quite near but it's a war that has no name, no face, no temporality. It seems to be only part of the setting and to get diluted in the “magic realism” of a very ritualized daily life.


In a subtle way, each one of those elements finds its own place in a story built like a network in which everything is connected. The movie shows us a territory whose frontiers need to be defined and unexpected relationships that need to be lived. We viewers are invited to relinquish our prejudices. In order to do so, we only need to follow the comings and goings of a young water-carrier whose water miraculously heals. This idea could be seen as an allegory of hope but in reality the filmmaker seems to invite us to consider it as a demonstration of the power of imagination.


Deciding that water can heal is exactly like deciding that a frontier exists: both decisions are only a matter of faith. This aesthetic of arbitrariness could be summed up by German poet Hölderlin's precious belief: man must inhabit the world as a poet.


Paroles de cinéastes

Paroles de jeune ambassadeur - A propos de SI LE VENT TOMBE

Si le vent tombe est aussi l'histoire d'un double tranchant, le vent du renouveau, de l'espoir et de l'avant ; ou le fort vent qui vient raviver le feu destructeur et détruire tout (désir d')espoir.

Mickaël Adarve


Paroles de spectateurs

A propos de SI LE VENT TOMBE

On arrive dans le film de Nora Martirosyan en taxi, entre chien et loup, au lever du jour. Pourtant, avant de nous donner une image elle nous offre un son, un souffle sourd et tendu. Avant de nous proposer de découvrir le paysage, elle nous montre la silhouette fantomatique d'une clôture qui défile en bord de chemin. Dans la lumière intermittente des phares de la voiture, chaque plot limite et mesure le paysage qui scintille et se révèle peu à peu à nous. C'est une vue subjective depuis l'intérieur du véhicule car nous nous trouvons dans la position du voyageur qui s'apprête à traverser une frontière, à changer de monde. Ces plans d'automobile qui sillonne(nt) le paysage sauvage en suivant un chemin serpentant réactivent non seulement la mémoire du cinéma – ils nous rappelleront peut-être l'arrivée de Jack Torrance à l'hôtel Overlook – mais surtout le souvenir des récits fantastiques : on pense notamment au Jonathan Harker de Bram Stoker, clerc de notaire, petit fonctionnaire, appelé à parcourir les inquiétantes terres des Carpates en voyage d'affaires.

Alain D. – merveilleux Grégoire Colin – est lui aussi envoyé dans un territoire étranger, cette fois dans le Caucase, et comme son prédécesseur victorien, armé de sa raison et des outils précis et efficaces de son métier, il devra arpenter et mesurer un bâtiment, l'aéroport, qui domine la plaine comme un château – ou une cathédrale – et faire l'expérience des croyances qui habitent la région. Ces croyances ne s'inscrivent plus dans le domaine du fantastique mais dans quelque chose de plus profond, d'ancestral, de réel. Comme le brouillard, la fumée, les champs de blé et le tarmac, elles se déploient comme un voile sur les plans parfaitement cadrés du film et enveloppent Alain D. en faisant tituber les siennes.

Parce que c'est dans le hiatus entre la raison et la foi que SI LE VENT TOMBE nous propose de nous immiscer, en interrogeant les convictions d'un peuple qui par nécessité doit établir les règles de son existence, définir ses frontières et même les reculer au gré des besoins de la situation. Le Haut-Karabagh est un pays rond comme la terre, où tout le monde se connaît, il y a des aéroports comme des cathédrales, des sources d'eau bénie et des vaches qui s'appellent Ophélia.

C'est peut-être la plus belle idée du film que de faire du combat de vie et de mort une question de foi mais surtout de rendre perceptibles les liens invisibles qui unissent les habitants en dressant, comme une topographe, une cartographie où les traditions ancestrales et les espoirs portés sur l'avenir définissent continuellement le territoire de leur présent.

Lucas Simoni

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Programmateur


Cinéma Orson Welles Amiens
Paroles de programmateurs

L'ACID dévoile sa programmation ACID Cannes 2020 hors les murs

« Tandis que le réel semblait basculer dans une autre dimension, la programmation ACID 2020 s'ingéniait à y trouver des équilibres instables, certes, mais puissants, pour un cinéma peuplé de funambules, dont l'amour éperdu chargé de tendresse insinue en nous des voix qui chantent, et nous entraînent. S'enlacent ainsi sur un fil fiction et documentaire pour jouer avec les abîmes du monde non pour le plaindre mais le produire à distance. Projetons dans un paysage un destin d'enfant ! Que la peur soit éparpillée aux quatre coins de territoires colorés, sillonnés par les vents et les ombres, illuminés. Tel est l'accomplissement auquel, nous cinéastes, vous convions cette année. L'audace invincible persiste, prête à toutes les beautés. » 


Nous avons été 13 cinéastes cette année à visionner pendant des mois plusieurs centaines de films – dont 30 % proposés par des réalisatrices – avec le soin et l'exigence dûs à celles et ceux qui partout dans le monde continuent à créer et à résister.

 

Malgré les circonstances, nous avons choisi de conserver les critères habituels de la programmation ACID CANNES, à savoir nous engager sur le soutien d'autant de films que d'habitude, 9 longs-métrages, avec la même attention particulière accordée aux films sans distributeur et aux premiers longs.

Sur ces 5 fictions et 4 documentaires de création, 5 films ont été réalisés par des femmes.

Nous avons également décidé ces derniers jours, avec la Sélection Officielle, de co-présenter un de nos coups de cœur communs.

Seule la programmation ACID TRIP #4, qui devait être consacrée au jeune cinéma chilien, est reportée à 2021.

 

C'est une aventure de plusieurs mois qui débute entre nous cinéastes, l'équipe de l'ACID et ces films soutenus, même si son point de départ ne sera malheureusement pas la ville de Cannes.

 

Dès le mois de juin, nous travaillerons à la promotion des films auprès de nos partenaires internationaux au sein du Marché du Film de Cannes online. A l'automne, nous accompagnerons en régions des projections professionnelles à destination des exploitants de salles. 

 

Nous accueillerons, en chair et en os nous l'espérons, les équipes de films lors des projections publiques qui se tiendront du 25 au 29 septembre au Louxor à Paris, du 2 au 4 octobre au Comoedia à Lyon, du 8 au 11 octobre au Gyptis et à La Baleine à Marseille. Puis également à la Cinémathèque de Corse, ainsi que dans de nombreux festivals partenaires qui nous font l'honneur de nous inviter en France comme à l'international.

 

L'ACID déploiera ensuite ses dispositifs de programmation, d'accompagnement et d'éducation à l'image grâce à notre réseau de salles adhérentes, de partenaires éducatifs ainsi qu'à nos spectateurs “relais” et jeunes ambassadeurs.

 

Nous avons hâte de vous retrouver, de près, dans les salles de cinéma !


LES 13 CINÉASTES PROGRAMMATEURS 2020 :

Anne Alix, Stéphane Batut, Caroline Capelle, Aude Chevalier-Beaumel, Michaël Dacheux, Philippe Fernandez, Jean-Louis Gonnet, Ombline Ley, Hélène Milano, Alice Odiot, Alain Raoust, Idir Serghine, Laure Vermeersch

et l'équipe de l'ACID


THE ACID CANNES 2020 PROGRAMME:


« While reality seemed to be shifting into another dimension, the ACID 2020 programme was ingenious in finding unstable but powerful balances for a cinema populated by tightrope walkers, whose love, filled with tenderness, insinuates in us voices that sing and carry us along. Thus we embrace a fiction and documentary thread to play with the abysses of the world, not to pity it but to produce it from a distance. Let's project a child's destiny in a landscape! Let fear be scattered in the four corners of colourful territories, criss-crossed by winds and shadows, illuminated. This is the achievement to which we filmmakers invite you this year. The invincible audacity persists, ready for all the beauties. » 

We were 13 filmmakers this year, watching several hundred films for months - 30% of them by women directors - with the care and attention due to those around the world who continue to create and resist.

 

Despite the circumstances, we have chosen to maintain the usual criteria of ACID CANNES programming, namely to commit to supporting as many films, 9 feature films, with the same special attention given to films without distributors and first features.

Out of these 5 fictions and 4 creative documentaries, 5 films are directed by women.

We have also decided over the last few days to co-present with the Official Selection one of our common favourites.

 

Only the ACID TRIP #4 program, which was supposed to be dedicated to young Chilean cinema, has been postponed to 2021.

 

As every year, it is an adventure of several months that begins between us filmmakers, the ACID team and these supported films, even if its starting point will unfortunately not be the city of Cannes.

 

Starting in June, we will work to promote the films to our international partners at the online Cannes Film Market and, in the fall, professional screenings will be held in the regions for exhibitors.

 

We will, we hope, welcome the film teams at the public screenings to be held from September 25 to September 29 at Le Louxor in Paris, from October 2 to October 4 at Comoedia in Lyon, from October 9 to October 13 at Gyptis and La Baleine in Marseille. Then also at the Cinémathèque de Corse, as well as in numerous partner festivals that do us the honour of inviting us in France and abroad.

 

The ACID will then deploy its programming, support and image education measures thanks to our network of member cinemas, educational partners and our "relay" spectators and young ambassadors.

 

We look forward to seeing you, up close, in the cinemas.


THE 13 FILMMAKER-PROGRAMMERS 2020 :

Anne Alix, Stéphane Batut, Caroline Capelle, Aude Chevalier-Beaumel, Michaël Dacheux, Philippe Fernandez, Jean-Louis Gonnet, Ombline Ley, Hélène Milano, Alice Odiot, Alain Raoust, Idir Serghine, Laure Vermeersch

and the ACID team


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