À propos de Vif-Argent

Dominique
Toulat

Programmateur

Il en va des films comme des personnes : il en est que l'on n'a pas envie de quitter. A l'image de Juste qui ne peut partir de ce monde en laissant derrière lui une histoire d'amour inachevée, nous, spectateurs, ne pouvons lâcher dans l'oubli les personnages de Vif-argent. En discrets anges gardien de cinéma, Agathe et Juste nous accompagnent bien après la projection.

Qu'est-ce qui fait qu'un film donne envie de l'habiter, encore et encore ? Qu'en sortant de la pénombre de la salle de cinéma, on marche dans les rues en espérant y croiser ces êtres de fiction avec lesquels on vient de partager un peu de notre temps ? Heureusement, le cinéma recèle assez de mystères pour ne pas donner toutes les réponses… « Je suis un romantique qui doute » dit le réalisateur Stéphane Batut. Pourtant, avec l'assurance d'un timide « un soir d'audace », il ose : le lyrisme plutôt que le cynisme complaisant, la simple douceur au lieu du hâbleur spectaculaire, la poésie sans esbrouffe, la fantaisie plutôt que le vérisme. Il actualise, sans choir dans un exercice de cinéphilie nécrophage, le réalisme fantastique issu tant du cinéma français (Cocteau, Franju, Clair…) que du réalisme magique latino-américain.

Loin d'un grisâtre royaume des ombres, Vif-argent est un film lumineux (splendide travail de la chef op Céline Bozon), brillant de lumières - artificielles qui réchauffent les nuits et solaires qui illuminent les jours. Le plaisir voire la nécessité de raconter des histoires et la croyance indéfectible dans les forces qu'elles révèlent, sont au cœur du film. Avant de quitter ce monde, les personnages de Vif-argent doivent livrer un souvenir à Juste qui se fait collecteur et passeur de récits – comme un cinéaste. Et, tels d'intemporels Schéhérazade, Agathe et Juste (se) racontent des histoires pour gagner un supplément de vie, pour avoir du rab' d'amour.

Dans les 50's, on rêvait de tomber amoureux d'un vieux loup de mer spectral tels Mme Muir ou Pandora. En 1990, après Ghost, on tripatouillait de la glaise en écoutant les Righteous Brothers. Gageons qu'avec Vif-argent, nous chercherons l'amour dans les allées des Buttes-Chaumont en fredonnant les paroles de Ray Davies : « I go to sleep, sleep, and imagine that you're there, with me ».

Vif-argent donne envie de vivre, d'aimer… et d'aller au cinéma ! Il est de pires ambitions, non ?

Dominique Toulat

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Programmateur


La Ferme du Buisson

Publié le lundi 22 juillet 2019

Paroles de programmateurs

Vif-Argent

Un film de Stéphane Batut
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