Cinéastes de l'ACID
Les cinéastes de l'ACID, quel que soit leur genre de prédilection, ont l'habitude de produire avec peu. Il ne s'agit pas de prétendre, nécessairement, que small is beautiful, mais d'affirmer en revanche que la ténuité des moyens a une vertu : elle oblige à penser les moyens de production et leurs limites comme un dispositif à même de générer une esthétique singulière. Autrement dit : plutôt que subir l'humilité à laquelle nos films sont assignés, la transformer en catalyseur d'inventivité.
Cette inventivité dont témoignent les films « de peu » régulièrement soutenus par l'ACID – Magdala, Avant la fin de l'été, Un prince, Municipale, Mourir à Ibiza… – devrait justifier que la diversité des modèles de production soit un sujet central de discussion, et que ces modes de fabrication, institutionnalisés par le dispositif belge de “productions légères”, soient reconnus en tant que tels et non comme des ersatz ou des « sous-productions ». Car à travers eux, c'est un autre rapport à la temporalité de fabrication, à l'écriture, au désir ou à l'urgence de filmer qui s'engage. Soit des questions de forme absolument essentielles, qui ont à voir avec la nécessité sans laquelle un film manque souvent d'épaisseur ou de consistance. L'économie c'est de la forme ; la production, c'est de la mise en scène. Leur diversité respective est vitale pour la bonne santé de l'ensemble du secteur.
Face à un cinéma vivant encore sur les fantômes d'un vieux mythe dispendieux – on pourrait presque dire somptuaire – et à l'heure où nous devons impérieusement réfléchir à produire différemment – question de soutenabilité - nous affirmons fièrement que nos films ne sont ni cheap ni fragiles : ils sont justes, dans tous les sens que ce mot recouvre. Cela n'empêche pas que le système les précarise – et celles et ceux qui les font avec – et c'est précisément cela qui doit changer.
Aussi, il est grand temps d'organiser collectivement le soutien à ces modèles de production sous peine de passer à côté de toute une floraison de formes, souvent vivier du cinéma de demain, qui ne pourraient exister autrement et dont trop d'acteurs du “cinéma du milieu” n'ont, malheureusement que faire. Nous les invitons à venir voir, d'un peu plus près, les films bien sûr, mais nous mettons aussi nos travaux et propositions à disposition : ils y trouveront matière à réflexion.
Cinéastes de l'ACID
Publié le mardi 12 novembre 2024