Beau travail

Un film de Claire Denis

Beau travail

Un film de Claire Denis

France - 1999 - 90 min

Un peloton de la Légion Étrangère oublié, abandonné quelque part dans le Golfe de Djibouti. Les restes d'une armée fantôme qui joue à la guerre et répare les routes. À Marseille l'ex-adjudant Galoup se souvient de ces temps heureux, de cette vie si bien orchestrée, de ses hommes, son cher troupeau. Mais ce qu'il a vraiment perdu, c'est son commandant. Son commandant qu'il n'a pas voulu partager avec un jeune légionnaire.

Avec :
Denis Lavant , Michel Subor et Grégoire Colin

Sorti le 03 mai 2000

Sortie non communiquée

À propos de Beau travail

Claire Denis filme des légionnaires entre eux, stationnés du côté de Djibouti : la vie au camp, l'entraînement, les loisirs, les rivalités, les souvenirs... Beau travail n'est ni un film de guerre ni un film d'amour (les deux activités essentielles de cette fin de siècle si l'on en croit le célèbre slogan des années 60 : faire l'amour, faire la guerre...). En fait le travail qui est filmé ici est moins celui, couramment entendu, d'activité sociale du corps, mais du travail à l'œuvre dans le corps de personnages que les circonstances privent d'ailleurs de leur emploi : la paix pour ces soldats engagés. Ce paradoxe pose évidemment la question de la corporéité de manière plus concrète, plus actuelle, infiniment plus riche cinématographiquement. Plus profonde aussi. Car s'il est un enjeu fondamental du 7ème Art, c'est bien celui de capter ce qui travaille réellement (et secrètement) la chair de ces personnages en action sur l'écran : les pulsions, les frustrations, les désirs, les passions. C'est cette attente nerveuse des corps que filme Claire Denis. Non comme ferait un entomologiste se bornant à recueillir les manifestations spontanées de la vie, mais à la manière des chorégraphes qui mettent les corps à l'épreuve de gestes préalablement composés. Et pourtant ce film superbement chorégraphié n'est pas non plus un film chorégraphique. Les corps n'y sont pas cette pure forme engendrée par la danse (son génie propre consistant justement selon Kleist à faire oublier la réalité du danseur), ils manifestent au contraire leur présence (leur contenu) de toute leur force : ils sont d'abord des visages en action, des regards tendus, des muscles noués, des voix, des cris... ils sont le lieu d'une permanente et inquiétante humanité. Le visage de héros fatigué de Michel Subor (retour magnifique de Forestier, petit soldat devenu adulte), l'air d'enfant perdu de Grégoire Colin, la tension extrême à l'œuvre dans le corps-visage de Denis Lavant surtout : menace permanente, bombe à retardement qui explose littéralement au dernier plan du film. Vitesse et volupté. Privilège suprême de la beauté.

Serge Le Péron

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