Sans baguette magique, mais par on ne sait quelle alchimie née de la rencontre entre ces jeunes et les deux cinéastes, Dans la terrible jungle est devenu un « teen movie », une sorte de comédie musicale où se racontent des histoires d'amour, les « claques » que l'on se prend dans la vie, ou les moments tout simples du quotidien. Les jeunes sont les super-héros de cette performance filmique hors norme.

C'est là tout l'objectif de ce film : mêler vie quotidienne et fiction. Bien loin du pathos, c'est une ode à la vie et une ouverture sur le monde (...)

Admirablement cadré et composé, ce documentaire de création de Caroline Capelle et Ombline Ley est une ode saisissante à la jeunesse, en même temps qu'une fenêtre grande ouverte sur le monde du handicap.

On y voit avec un réalisme dépouillé rarement atteint que ces adolescents, jugés « à part », éprouvent exactement les mêmes sentiments que leurs homologues dits « normaux » (...)

Pourquoi est-il si rafraichissant de découvrir la moisson de l'ACID? Les films y relèvent souvent d'une certaine idée de l'enfance de l'art.  (...)

"Film-atelier" réalisé en compagnie des éducateurs et des jeunes pensionnaires d'un centre d'accueil pour handicapés mentaux dans le Nord; La peinture de cette communauté passe par différents états du corps : corps en crise (celui très impressionnant d'un grand échalas qui se met à sauter partout tel le Marsupilami), corps joyeux (ateliers de musique et de danse) ou corps collectif (on y entend la meilleure réplique du festival : "On travaille en éthique, euh, en équipe.").

Entre fous rires et émotion, Dans la terrible jungle est bien mieux qu'un grand frisson : c'est une révélation. (...)

A la frontière du documentaire et de la fiction, il slalome aussi entre le teen movie, le clin d'oeil aux super-héros et la comédie musicale. Et pour cause : l'idée, ici, n'est pas de faire un film sur des ados handicapés, mais avec eux.

Peu importe, du coup, la nature de leur handicap ! Outil de rapprochement, Dans la terrible jungle ne cherche surtout pas à expliquer ni à démontrer... mais à écouter. (...) Cela dans un mélange décapant de pudeur, de lucidité et d'humour. Très rock'n'roll, parfois ! L'élégance des jeunes réalisatrices renforçant, de fait, ces bonnes vibrations. (...)

Leur ouvrage est donc bel et bien hybride, mais pour le meilleur. On en sort hilares et bouleversés : différents.

Si le film se distingue de façon si réjouissante d'une simple suite de saynètes, c'est aussi partout ce qu'il capte et restitue de la profondeur des corps, en se laissant, même à distance, toucher par eux. D'une scène à l'autre, d'un corps à l'autre, en saisissant côte à côte les manifestations de joie d'Ophélie, la chute lourde de Simon ou les bonds ahurissants de Gaël en proie à une forme de crise (cascades, en un sens paradoxal, exceptionnelles de maîtrise) avant qu'on le retrouve, apaisé, flottant sur les eaux calmes de la piscine médicalisée, le film devient une sorte de toile vibratile, entièrement tissée d'émotions.

Tout ce beau monde gravite en toute liberté au sein d'un espace filmique, lui aussi laissé ouvert à la fois à l'improvisation et au hasard, à l'image de la bande-annonce tournée un jour de temps couvert. C'est justement l'absence d'une direction contraignante, d'une finalité sociale à atteindre à tout prix, qui fait le charme de Dans la terrible jungle, un formidable outil pour décomplexer l'ensemble de nos notions préconçues sur le handicap.

Parfois, le temps d'un tournage, des rencontres incroyables surviennent. De celles qui façonnent des personnages inoubliables. C'est ce que deux jeunes réalisatrices, Ombline Ley et Caroline Capelle, ont trouvé dans le centre La Pépinière (...). Leur secret ? Ne pas se demander comment «filmer le handicap», et consacrer le temps et l'espace nécessaires pour qu'un rapport unique entre les spectateurs, les enfants et les professionnels du centre puisse s'établir. Un tournage de sept mois qui ressemble à une grande aventure et un montage qui a forcément soulevé des questions décisives. Rencontre avec Ombline Ley et la monteuse du film, Céline Perreard. 

La chronique quotidienne d'une bande d'ados pas comme les autres. Un émouvant et joyeux docu-fiction sur les transitions de l'enfance.