Vingt ans que des cinéastes ont compris que le marché allait inexorablement les chasser eux et leurs films, et interdire aux spectateurs d'avoir accès à des images et des écritures singulières…
Vingt ans que des cinéastes ont décidé de se battre, de ne pas renoncer à considérer les films comme des œuvres artistiques…
Vingt ans qu'ils ont su qu'il fallait ne pas céder et qu'il fallait résister…
Vingt ans pendant lesquels certains sont partis, se sont éloignés, mais qu'aussi d'autres sont revenus et que des nouveaux, des plus jeunes, année après année, sans cesse, les ont rejoints…
Vingt ans que les cinéastes de l'ACID ont vu les problèmes s'intensifier, les mêmes causes produire les mêmes effets…
Vingt ans qu'ils ont failli abandonner, abdiquer devant la tâche trop lourde, qu'ils ont envisagé de se dissoudre…
Vingt ans que sans relâche, mais non sans difficultés, heurts, fâcheries et engueulades, ils sont repartis encore et encore au combat…
Vingt ans aussi de passion, d'amitiés et de différences…
Vingt ans d'absence de ligne éditoriale, et ce pour leur plus grand bonheur !
Vingt ans aussi qu'ils ont eu la chance, la curiosité et la joie de se réunir, pour voir les films des autres, des œuvres singulières et libres qui leur donnaient la force de se battre, celle de ne jamais abandonner et de toujours croire dans la force du cinéma.
Vingt ans que les cinéastes de l'ACID savent qu'il y a plus de spectateurs curieux qu'on veut le faire croire, qui à leur tour seront émus et émerveillés par ces films libres, qui à leur tour partageront leurs enthousiasmes et leurs passions…
Mariana Otero, Co-présidente de l'ACID
Depuis 20 ans, l'ACID s'est choisie pour mission de donner à tous les films la chance d'être vus, en créant des liens entre les films indépendants, les salles, les cinéastes eux-mêmes et le public.
Vingt ans plus tard, la concentration accrue, les mutations économiques, des cartes illimitées au numérique... tout s'acharne à vouloir réduire encore l'art cinématographique aux lois du marché. Des raisons de plus pour s'émanciper de celles-ci et montrer encore et toujours les films que nous aimons :
Des films d'auteur, qui soulèvent l'enthousiasme de cinéastes avant de convaincre public, programmateurs, exploitants et critiques. Des premiers films qui font la « relève », celle qui sera le « marché » de demain. Des films qui ont en commun le besoin d'avoir de la place en salles et du temps pour qu'on en parle, pour qu'ils soient vus, des films qui portent cette exigence d'un art cinématographique en mouvement, qui s'invente et se renouvelle.
Au delà de la liste de cinéastes confirmés « découverts » par l'ACID, tout indique que nous avons raison de tenir bon. Après le festival, les films sortent, sont programmés pendant plusieurs mois dans les salles comme les festivals, et ils continuent leur vie, de réseaux associatifs en séances scolaires. Parce qu'ils sont bien plus que des produits industriels : des acteurs de la culture à part entière.
Non contents de soutenir les films des autres, les cinéastes de l'ACID les accompagnent. Et par une programmation ambitieuse, éclectique, mêlant fiction et documentaire, films artisanaux, premiers films et auteurs confirmés, libres de toute contrainte : ils font le pari que le plaisir se transmet.
Nous vous souhaitons, cette année encore, d'en partager beaucoup avec nous.
Stéphane Arnoux, Co-président de l'ACID
Un film de Hicham Lasri
L'affiche est signée par Sébastien Laudenbach.