L'Usine de rien

Un film de Pedro Pinho

L'Usine de rien

Un film de Pedro Pinho

Portugal - 2017 - 177 min

Une nuit, des travailleurs surprennent la direction en train de vider leur usine de ses machines. Ils comprennent qu'elle est en cours de démantèlement et qu'ils vont bientôt être licenciés. Pour empêcher la délocalisation de la production, ils décident d'occuper les lieux. À leur grande surprise, la direction se volatilise laissant au collectif toute la place pour imaginer de nouvelles façons de travailler dans un système où la crise est devenue le modèle de gouvernement dominant.

Un film collectif de Joao Matos, Leonor Noivo, Luisa Homem, Pedro Pinho, Tiago Espanha, réalisé par Pedro Pinho

Avec
José Smith Vargas, Carla Galvão, Njamy Uolo Sebastião, Joachim Bichana Martins, Daniele Incalcaterra, Hermínio Amaro, Antonio Santos, Rui Ruivo, Anselmo Jappe, Sandra Calhau...

Sorti le 13 décembre 2017

Sortie non communiquée

À propos de L'Usine de rien

En démantelant une usine pour démanteler la valeur travail, L'Usine de rien crée ici une fabrique cinématographique de tous les possibles. Le film, grande fresque sociale et politique à la fois humble et véhémente, traverse les abus vampiriques d'un système à l'agonie, non pas dans un chant partisan mille fois entonné mais par le biais d'une approche tout aussi fantaisiste que profondément ancrée dans la réalité sociale des travailleurs réifiés de l'Europe d'aujourd'hui. Vision d'autant plus cinglante que racontée du point de vue d'un pays du sud non seulement ravagé par la crise économique mais également vassalisé par l'Europe d'en haut. 


L'Usine de rien est bien plus qu'un film sur le droit des ouvriers et des opprimés, il épouse en quelques sorte une lame de fond contemporaine où s'imposent de nouvelles utopies qui occupent tout un pan des citoyens du monde ne se retrouvant plus dans les valeurs du capitalisme et désirant œuvrer à sa fin. 


Ereintant les théories politiques autant que les formes cinématographiques, l'Usine de rien enterre le communisme car il faudra bien sortir « du fétiche de la marchandise », l'autogestion car dans le fond c'est « exécuter contre soi la loi du marché ». Alors quel chemin emprunter lorsque l'anarchie a vécu, que le nihilisme destructeur et la sublimation « bobo » des ateliers transformés en laboratoires artistiques ne suffisent plus à inventer une société nouvelle ?


C‘est dans l'enceinte théâtralisée de l'usine que le film tente de défricher un chemin nouveau, comme une nécessaire ode à la liberté, un appel à la désobéissance civile, sociale, un chant anarcho–autonomiste où les paroles de « l'insurrection qui vient » du Comité invisible sont scandées comme les mantras d'un occident désespéré entonnant le requiem de sa propre perte. La forme cinématographique, elle, ne se plie de la même manière à aucun consensus d'efficacité, de cohérence formelle : la chronique sociale, la comédie musicale kitsch cohabitant avec des discours lénifiants cheminent ensemble pour donner naissance à un essai libre et foisonnant, jubilatoire et émouvant.


Et c'est sur le chant du poète révolutionnaire portugais Zeca Afonso que l'appel au désordre se déploie, l'œillet au fusil, annonçant peut être l'avènement d'un nouveau monde possible. Une résurrection viendra.

Fabianny Deschamps

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Cinéaste


Paroles de cinéastes

À propos de L'Usine de rien

L'Usine de rien ? Vraiment de rien ? Le long métrage réalisé par Pedro Pinho est pourtant une vraie fabrique à utopie, une fabrique de cinéma rêvée décapsulant la frontière aujourd'hui plus que jamais poreuse entre la fiction et le documentaire. On saurait gré au cinéma portugais d'avoir (toujours ? pensons ne serait-ce qu'à Olivieira et Monteiro…) fait exploser les digues des catégories établies dans le cinéma. L'Usine de rien reprend vaillamment ce flambeau national en injectant du cinéma dans tous ses pores : sa peau, sa surface première, ce serait le documentaire social, comme on en voit tant sur les écrans. Sa profondeur, ce serait cette phrase de Godard : il faut faire politiquement des films et non faire des films politiques. Une usine abandonnée par sa direction, ses ouvriers tout aussi délaissés et désarçonnés. Que faire pour retrouver de la joie ? Du plaisir dans le travail ? Le tour de force de L'Usine de rien, c'est de ne pas oublier de faire circuler autour de toutes ces questions — que le film investit totalement — tout un agencement de situations retournant comme un gant les présupposés du documentaire social. Car ici, l'espace d'une scène, l'usine peut devenir le territoire d'une comédie musicale. L'espace d'une autre scène, les idées politiques valsent à travers la pièce comme des assiettes lors d'un repas arrosé. C'est que L'Usine de rien déborde de sa puissance poétique, faisant de ses idées (de cinéma, de politique) une réalité aussi tangible que les transpalettes utilisés par les ouvriers pour se déplacer dans l'usine, comme des enfants remplis de joie sur un nouveau terrain de jeu.

Morgan Pokée

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Programmateur


Le Concorde La Roche-sur-Yon
Paroles de programmateurs

Twist and Shout - News #7

Le 30 avril 2020


Chères toutes, chers tous,

« Et que l'on estime perdue toute journée où l'on aura pas dansé au moins une fois ».

Ainsi parlait Nietzsche, et nous vous proposons aujourd'hui de suivre cet adage avec deux comédies musicales (et politiques) pour enchanter les lieux devenus notre seul horizon depuis sept semaines.


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Les cinéastes et l'équipe de l'ACID


PROPOSITIONS VOD POUR DANSER

JEANNE ET LE GARÇON FORMIDABLE de Jacques Martineau & Olivier Ducastel


Jeanne est une belle jeune femme toujours pressée qui a beaucoup d'amants. Par hasard, elle rencontre Olivier : c'est le grand Amour qu'elle recherchait... Olivier, séropositif, disparaît volontairement de la vie de Jeanne au moment où sa maladie se déclare. Elle tente en vain de retrouver sa trace. Un jour, Jeanne apprend qu'Olivier est mort, mais la vie continue.


Soutenu par l'ACID en 1997 - Les options VOD


L'USINE DE RIEN de Pedro Pinho


Une nuit, des travailleurs surprennent la direction en train de vider leur usine de ses machines. Ils comprennent qu'elle est en cours de démantèlement et qu'ils vont bientôt être licenciés. Pour empêcher la délocalisation de la production, ils décident d'occuper les lieux. À leur grande surprise, la direction se volatilise laissant au collectif toute la place pour imaginer de nouvelles façons de travailler dans un système où la crise est devenue le modèle de gouvernement dominant.


Soutenu par l'ACID en 2017 - A voir en VOD sur Universciné


UN PEU DE LECTURE...

« Certains films nous plombent, d'autres nous allègent. Les premiers ferment le monde, cadrent la vie pour mieux la séquestrer et lui couper les ailes, d'autres ouvrent grand le champ, élargissent notre regard, lui offrent un nouvel horizon. Et ce paysage lointain, par la grâce de la mise en scène, l'élégance du propos, en un mot un sens de la beauté, nous semble toujours avoir été proche. Tel un ami qui nous souffle l'espoir. »

« Le Monde vivant est de ceux-là, c'est donc un film rare. Oui, il repousse les frontières. Il impose son style, son écriture. Plan après plan, il désarme les sceptiques, il fait taire le nihilisme ambiant. De son silence, de sa rigueur, de sa folie, naît un chant d'amour. Il faudrait être imbécile pour ne pas l'écouter.

[...]

Renaître, c'est être vivant, deux fois vivant : un pied dans le monde visible, un autre dans le monde invisible. Voir, c'est faire exister le plan, et le hors-plan. Écouter, c'est entendre aussi l'indicible. Dans Le Monde vivant, on voit double et on rit aussi aux éclats. Eugène Green montre un humour radical, saisissant, jouant de l'anachronisme et d'effets de décalage ravageurs. Aujourd'hui, ce film nous vient comme un don. Il est un encouragement au bonheur de filmer et à la résistance face aux puissances des faux. »


> Lire l'intégralité du texte de Pierre Schoeller ici <


ET DE LA MUSIQUE...

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Thomas & Thomas - MINIZZA

Bande originale du film LE VOYAGE AU GROENLAND, Sébastien Betbeder


Et en podcast, on vous propose de réécouter le cinéaste Matan Yair à propos de son film LES DESTINÉES D'ASHER dans l'émission de Marie Richeux, Par les temps qui courent : "Même dans un film, la littérature devient importante, quand il se passe quelque chose de dramatique".


ET POUR FINIR, LE PLEIN D'AUTRES PROPOSITIONS CINÉPHILES

  • Toujours plein de films ACID à voir : sur chaque fiche film sur notre site, vous pouvez trouver des liens vers les options légales de vidéo à la demande !

  • Les cinémas de l'Hexagone continuent de se mobiliser pour proposer des films (notamment sur La Toile) et conserver le lien avec tous leurs publics.

    > Le Cinéma Utopia (Bordeaux) programme sur son site LÉGER TREMBLEMENT DU PAYSAGE de Philippe Fernandez, soutenu par l'ACID en 2008. A voir ici et en accès libre pendant trois semaines.

    > La Baleine à Marseille accueille une nouvelle fois une cinéaste ACID pour leur hebdomadaire rencontre sur Zoom : RDV ce dimanche 3 mai à 20h15 pour une rencontre avec Naruna Kaplan de Macedo et Edwy Plenel autour de DEPUIS MEDIAPART.

  • La Cinémathèque de Toulouse, en partenariat avec Le Museo Nazionale del Cinema de Turin et la Cinémathèque de Nouvelle-Aquitaine, propose sur sa chaîne vimeo 7 films restaurés (un par semaine), des Pathé Kok en 28mm ; afin de découvrir ce que nos aïeuls regardaient chez eux dans les années 1910.

  • On n'oublie pas les films amateurs. Le Forum des images appelle les Parisien-n-e-s à envoyer des "instants de vie" de moins de 60 secondes. A Dreux, le Lycée Rotrou propose aussi de regarder par la fenêtre...

  • Et, pour finir, un article ET une pétition : L'ACID est signataire de la tribune parue dans Le Monde, pour un retour massif du cinéma d'auteur et de patrimoine sur la télévision de service public - Signez la pétition ici.

Qui d'autre sur Zoom en pyjama ?

(Images tirées de LE CIEL ÉTOILÉ AU DESSUS DE MA TÊTE, Ian Klipper - Programmé à l'ACID Cannes 2017)


> Contenu à retrouver également sur les sites de nos partenaires Mediapart et Télérama <

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