Le Monde vivant

Un film de Eugène Green

Le Monde vivant

Un film de Eugène Green

France - 2003 - 75 min

Un ogre, pas très bien rasé, avec deux enfants vivants dans son garde-manger, veut répudier son épouse -qui n'est pas une ogresse - pour se marier avec une demoiselle qu'il tient captive dans une chapelle.

Deux chevaliers partent pour le combattre : l'un a un lion, l'autre pas, et tous deux portent des pantalons en toile de Gênes à la mode de Nîmes. Cette histoire, qui se passe de nos jours, est d'une brûlante actualité.

Avec :
Christelle Prot , Alexis Loret , Adrien Michaux , Laurène Cheilan , Achille Trocellier et Marin Charvet

Sorti le 26 novembre 2003

Sortie non communiquée

À propos du Monde vivant

Certains films nous plombent, d'autres nous allègent. Les premiers ferment le monde, cadrent la vie pour mieux la séquestrer et lui couper les ailes, d'autres ouvrent grand le champ, élargissent notre regard, lui offrent un nouvel horizon. Et ce paysage lointain, par la grâce de la mise en scène, l'élégance du propos, en un mot un sens de la beauté, nous semble toujours avoir été proche. Tel un ami qui nous souffle l'espoir.

Le Monde vivant est de ceux-là, c'est donc un film rare. Oui, il repousse les frontières. Il impose son style, son écriture. Plan après plan, il désarme les sceptiques, il fait taire le nihilisme ambiant. De son silence, de sa rigueur, de sa folie, naît un chant d'amour. Il faudrait être imbécile pour ne pas l'écouter.

Que nous dit cette mélodie qui prend sa source dans le conte et les codes du Moyen Age ?

_ Voir, c'est croire. Un jeune homme en rencontre un autre accompagné d'un chien. Il se dit « le chevalier au lion ». Du chevalier, il n'a que l'épée. Du lion, le chien n'a que l'animalité. Mais c'est sous-estimer le pouvoir de la Parole. La Parole nomme, donc délivre l'essence aux choses. Vous voyez un chien, la Parole le baptisé en lion. Dès lors, le labrador est lion, parce que vous le voyez ainsi, et à chaque fois qu'apparaîtra le chien, vous verrez un lion. Il n'y a eu aucun effet numérique, aucune technique, aucune virtualité, il y a eu la puissance de la Parole dans le champ visible. Premier miracle.

Croire, c'est renaître. Une demoiselle dans une chapelle est destinée à devenir la deuxième épouse d'un ogre. Deux chevaliers partent pour combattre la bête cannibale, l'un est notre chevalier au lion. Il périra. Il renaîtra. Là encore c'est grâce au pouvoir de la Parole. Cette fois elle prend le visage d'une femme. Ce monde vivant qui s'exprime en chaque chose, en chaque être, qui fait qu'un arbre parle ou saigne, affirme ici sa présence par la petite flamme d'une chandelle. Du fond de l'obscurité approche une femme (l'épouse de l'ogre). Deux mains s'étreignent, l'une revient de la mort. Deuxième miracle, il se nomme l'amour.

Renaître, c'est être vivant, deux fois vivant : un pied dans le monde visible, un autre dans le monde invisible. Voir, c'est faire exister le plan, et le hors-plan. Écouter, c'est entendre aussi l'indicible. Dans Le Monde vivant, on voit double et on rit aussi aux éclats. Eugène Green montre un humour radical, saisissant, jouant de l'anachronisme et d'effets de décalage ravageurs. Aujourd'hui, ce film nous vient comme un don. Il est un encouragement au bonheur de filmer et à la résistance face aux puissances des faux.

Pierre Schoeller

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Cinéaste


Paroles de cinéastes

Twist and Shout - News #7

Le 30 avril 2020


Chères toutes, chers tous,

« Et que l'on estime perdue toute journée où l'on aura pas dansé au moins une fois ».

Ainsi parlait Nietzsche, et nous vous proposons aujourd'hui de suivre cet adage avec deux comédies musicales (et politiques) pour enchanter les lieux devenus notre seul horizon depuis sept semaines.


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Les cinéastes et l'équipe de l'ACID


PROPOSITIONS VOD POUR DANSER

JEANNE ET LE GARÇON FORMIDABLE de Jacques Martineau & Olivier Ducastel


Jeanne est une belle jeune femme toujours pressée qui a beaucoup d'amants. Par hasard, elle rencontre Olivier : c'est le grand Amour qu'elle recherchait... Olivier, séropositif, disparaît volontairement de la vie de Jeanne au moment où sa maladie se déclare. Elle tente en vain de retrouver sa trace. Un jour, Jeanne apprend qu'Olivier est mort, mais la vie continue.


Soutenu par l'ACID en 1997 - Les options VOD


L'USINE DE RIEN de Pedro Pinho


Une nuit, des travailleurs surprennent la direction en train de vider leur usine de ses machines. Ils comprennent qu'elle est en cours de démantèlement et qu'ils vont bientôt être licenciés. Pour empêcher la délocalisation de la production, ils décident d'occuper les lieux. À leur grande surprise, la direction se volatilise laissant au collectif toute la place pour imaginer de nouvelles façons de travailler dans un système où la crise est devenue le modèle de gouvernement dominant.


Soutenu par l'ACID en 2017 - A voir en VOD sur Universciné


UN PEU DE LECTURE...

« Certains films nous plombent, d'autres nous allègent. Les premiers ferment le monde, cadrent la vie pour mieux la séquestrer et lui couper les ailes, d'autres ouvrent grand le champ, élargissent notre regard, lui offrent un nouvel horizon. Et ce paysage lointain, par la grâce de la mise en scène, l'élégance du propos, en un mot un sens de la beauté, nous semble toujours avoir été proche. Tel un ami qui nous souffle l'espoir. »

« Le Monde vivant est de ceux-là, c'est donc un film rare. Oui, il repousse les frontières. Il impose son style, son écriture. Plan après plan, il désarme les sceptiques, il fait taire le nihilisme ambiant. De son silence, de sa rigueur, de sa folie, naît un chant d'amour. Il faudrait être imbécile pour ne pas l'écouter.

[...]

Renaître, c'est être vivant, deux fois vivant : un pied dans le monde visible, un autre dans le monde invisible. Voir, c'est faire exister le plan, et le hors-plan. Écouter, c'est entendre aussi l'indicible. Dans Le Monde vivant, on voit double et on rit aussi aux éclats. Eugène Green montre un humour radical, saisissant, jouant de l'anachronisme et d'effets de décalage ravageurs. Aujourd'hui, ce film nous vient comme un don. Il est un encouragement au bonheur de filmer et à la résistance face aux puissances des faux. »


> Lire l'intégralité du texte de Pierre Schoeller ici <


ET DE LA MUSIQUE...

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Thomas & Thomas - MINIZZA

Bande originale du film LE VOYAGE AU GROENLAND, Sébastien Betbeder


Et en podcast, on vous propose de réécouter le cinéaste Matan Yair à propos de son film LES DESTINÉES D'ASHER dans l'émission de Marie Richeux, Par les temps qui courent : "Même dans un film, la littérature devient importante, quand il se passe quelque chose de dramatique".


ET POUR FINIR, LE PLEIN D'AUTRES PROPOSITIONS CINÉPHILES

  • Toujours plein de films ACID à voir : sur chaque fiche film sur notre site, vous pouvez trouver des liens vers les options légales de vidéo à la demande !

  • Les cinémas de l'Hexagone continuent de se mobiliser pour proposer des films (notamment sur La Toile) et conserver le lien avec tous leurs publics.

    > Le Cinéma Utopia (Bordeaux) programme sur son site LÉGER TREMBLEMENT DU PAYSAGE de Philippe Fernandez, soutenu par l'ACID en 2008. A voir ici et en accès libre pendant trois semaines.

    > La Baleine à Marseille accueille une nouvelle fois une cinéaste ACID pour leur hebdomadaire rencontre sur Zoom : RDV ce dimanche 3 mai à 20h15 pour une rencontre avec Naruna Kaplan de Macedo et Edwy Plenel autour de DEPUIS MEDIAPART.

  • La Cinémathèque de Toulouse, en partenariat avec Le Museo Nazionale del Cinema de Turin et la Cinémathèque de Nouvelle-Aquitaine, propose sur sa chaîne vimeo 7 films restaurés (un par semaine), des Pathé Kok en 28mm ; afin de découvrir ce que nos aïeuls regardaient chez eux dans les années 1910.

  • On n'oublie pas les films amateurs. Le Forum des images appelle les Parisien-n-e-s à envoyer des "instants de vie" de moins de 60 secondes. A Dreux, le Lycée Rotrou propose aussi de regarder par la fenêtre...

  • Et, pour finir, un article ET une pétition : L'ACID est signataire de la tribune parue dans Le Monde, pour un retour massif du cinéma d'auteur et de patrimoine sur la télévision de service public - Signez la pétition ici.

Qui d'autre sur Zoom en pyjama ?

(Images tirées de LE CIEL ÉTOILÉ AU DESSUS DE MA TÊTE, Ian Klipper - Programmé à l'ACID Cannes 2017)


> Contenu à retrouver également sur les sites de nos partenaires Mediapart et Télérama <

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