Les derniers mois que nous avons traversés nous ont rappelé, entre autres choses, notre irréductible besoin d'altérité — individuellement et collectivement. Plus que jamais, nous aspirons à nous lier, à nous relier, à partager un même espace et un même temps ; avec les autres, avec tous les autres. Après tout, le « vivre-ensemble » qu'est-ce donc, sinon cela ? Et c'est bien aussi pour ça, que l'on va au cinéma. Pour faire l'expérience sensible, concrète, de l'autre. Y aller, donc : avec son corps, son corps tout entier ; à pied, en voiture, en métro, à vélo ; en se dépêchant ou en flânant... Si le cinéma nous émeut, c'est avant tout parce qu'il nous meut, qu'il nous met en mouvement, qu'il active notre désir, jamais assouvi, de partager avec d'autres autour de nous des images et des sons qui nous affectent ensemble. Aussi, comment imaginer que tous les liens qui se nouent dans une salle entre les spectateurs, les films, les équipes, les programmateurs, les cinéastes, et tous ceux qui font des cinémas des lieux vivants soient comparables à ce qui se joue en ligne, chacun face à son petit écran ? Rien à voir !
Cette année plus que jamais, la perspective de sélectionner des films pour les montrer en salle nous a maintenus en mouvement, manière de résister activement à ces mois enfermés qui nous ont tenus loin du grand écran ; et de résister aussi à cette confusion que la multiplicité des supports et des modes de diffusion des images a ni par générer et qui nous impose un chantier collectif de (re)définition, mais aussi de reconstruction. Ce que nous voulons défendre et promouvoir, c'est le cinéma libre, indépendant, inventif, audacieux : celui que l'on regarde, pas celui que l'on consomme. Haute idée du cinéma et haute idée du spectateur sont les moteurs de ce combat que nous menons.
« Il y a deux visions du monde : la vision qui morcelle, la vision qui unit », disait Paul Valéry. À l'ACID, nous avons choisi celle que nous voulons défendre. Les neuf films que nous sommes ers de vous présenter cette année sont la plus belle réponse que nous pouvions faire aux dé s que l'époque nous impose.
Par Hélène Milano, Idir Serghine & Clément Schneider pour le CA de l'ACID :
Aurélia Barbet, Stéphane Batut, Olivier Babinet, Emilie Brisavoine, Marina Déak, Delphine Deloget, Diego Governatori, Naruna Kaplan de Macedo, Hélène Milano, Vladimir Perišić, Clément Schneider, Idir Serghine, Laure Vermeersch, Jean-Robert Viallet
Cinéaste
-Membre du Conseil d'Administration
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Publié le jeudi 23 juillet 2020