ÉLOGE DE LA LENTEUR


Cinéastes de l'ACID

Toutes celles et tous ceux qui l'aiment, qui l'aiment vraiment, savent que le cinéma est affaire de désir. Que le regard porté par un·e cinéaste sur le monde ne se transmet qu'à travers cette alchimie mystérieuse qui a à voir avec la rencontre amoureuse. Et que si le désir peut être parfois affaire de coups de foudre, il a aussi à voir avec le temps plus long de la germination, de la maturation, le temps des graines que l'on sème.


La frénésie actuelle des sorties de films, plus ou moins précipitées par le contexte actuel – mais celui-ci a bon dos et sert aussi de paravent à l'accélération de pratiques déjà bien ancrées dans ledit « monde d'avant » – révèle, a contrario, combien regarder des films procède de cet « art d'aimer » dont parlait Jean Douchet, un art, un soin qui demande de l'attention, c'est-à-dire du temps.


On peut continuer de foncer tête baissée vers le « mur de films », en gardant bien plaquées sur les yeux les œillères de l'idéologie d'une économie des sorties de films qui s'autorégulerait ; on le peut, à condition de croire que chaque film n'est rien de plus que « another brick in the wall ». On peut aussi se laisser surprendre et interpeller par un plan, un regard, une musique, un dialogue, un « je-ne-sais-quoi » qui nous invite à ralentir et, enfin, à regarder. Alors, s'ouvre à nous la possibilité bouleversante de la rencontre avec l'œuvre.


L'ACID est – nous le croyons, nous y travaillons, cinéastes et équipe de permanent·e·s –  ce lieu où les films ne sont pas envisagés comme des kleenex, mais au contraire comme des organismes singuliers, auxquels il faut donner le temps de leur croissance dans l'environnement si particulier et si formidable que constitue le réseau des salles de cinéma – du moins, celles qui ont encore à cœur d'être des espaces de rencontres sensibles. Alors que s'ouvre le temps de nos reprises cannoises partout en France, préludes à de futures tournées de cinéastes que nous espérons longues et riches, redisons-le : nous sommes fier·e·s de ce travail collectif, à travers lequel s'élabore rien de moins qu'une histoire contemporaine du cinéma véritablement indépendant, et véritablement de la diversité. Une histoire qui compte, et qui comptera. Et cela fera bientôt trente ans que cette idée nous porte.

Cinéastes de l'ACID


Publié le mardi 28 septembre 2021

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