L'ACID a été créée en 1992 par des cinéastes désireux d'être en relation directe et solidaire avec les salles indépendantes et leurs publics. Depuis 26 ans, notre lien avec ces partenaires est quotidien et se réinvente. Nous savons combien le travail en profondeur, dans la durée, de la petite et moyenne exploitation, est primordial pour la vie des films indépendants dits « de la diversité », et pour la formation des publics. Nous le vivons chaque jour avec des films ACID qui continuent leur tour de France plus d'un an après leur sortie. Nous sommes ô combien solidaires de tous les combats des salles indépendantes.

Mais les films ont aussi besoin d'être programmés dans les grandes villes, d'y trouver une place et de ne pas être sacrifiés en sortie nationale avec une séance journalière en après-midi ou décrochés au bout d'une semaine au mépris de tous les engagements de programmation. Tout ne peut pas non plus se jouer au lundi matin précédant la sortie, empêchant toute prévisibilité, tout travail sur les publics. 

La concentration atteint aujourd'hui des sommets et met chaque mois un peu plus en péril la diversité de la création, fragilisant l'ensemble de la chaîne indépendante. Les demandes des ayants droits à un minimum de régulation restent lettre morte. Tous les ayants droits sont attachés à la salle, ils savent qu'il est de l'intérêt de tous de valoriser au mieux la fenêtre salle afin de défendre l'ensemble de la filière.

Mais quand la solidarité ne joue plus, quand les intérêts de quelques-uns noyautent toute possibilité de comportement un tant soit peu vertueux, il ne faut pas s'étonner de la colère des ayants droits et de leur nécessité à penser différemment leur survie. Au coeur des négociations, on ne peut qu'espérer que la nouvelle chronologie des médias ne fasse pas qu'attiser cette colère. Et en appeler à la solidarité de tous pour repenser la responsabilité collective dans le soutien à la création cinématographique.