2018, ILS COMMÉMORENT, ON RECOMMENCE

Régis
Sauder

Cinéaste

Idir
Serghine

Cinéaste

Pour nous mai 2018, ce n'est pas commémorer le 50ème anniversaire d'un festival interrompu mais continuer. Continuer à agiter, à résister, à se battre pour préserver la place d'un cinéma indépendant dans l'espace commun. Ce combat, fondateur du manifeste de l'ACID, nécessite la solidarité de tous les acteurs de la filière cinématographique indépendante pour défendre la place de regards singuliers auprès des publics.


Nous faisons nos films avec la foi en une rencontre humaine, porteuse de sens, porteuse d'un lien qui se délite partout. En 68, le temple cannois de la cinéphilie devenait lieu de débat politique et poétique, démocratique et idéologique. La salle doit rester aujourd'hui l'espace public où la diversité de points de vue peut être mise en partage, découverte, débattue ; le lieu du rêve, de l'invisible, des premiers baisers... Notre héritage et notre modernité, c'est dire que la salle est désormais une zone à défendre, un endroit nécessaire de notre démocratie.


Forts de nos partenaires et d'un maillage français de cinémas art et essai unique au monde, nous avons à cœur à l'ACID de réenchanter continuellement notre rapport aux lieux de diffusion, aux programmateurs qui nous soutiennent, à cette jeune génération qui pense la salle de demain, pour ensemble échanger autour des films et de leur fabrication. De nouveaux projets se préparent avec eux, des résidences de cinéastes en lien avec les salles et les spectateurs, des cycles ACID POP...


Dans un contexte où la monopolisation des écrans par quelques films atteint des sommets et fragilise l'ensemble de la chaîne indépendante, nous avons souhaité une règlementation solidaire et responsable de la chronologie des médias qui régit la place de nos films en salles et sur les différents supports de diffusion. Mais quand les intérêts de quelques-uns l'emportent sur l'intérêt général, il ne faut pas s'étonner que la colère monte. Suite aux dernières négociations et avant les prochains arbitrages, l'ACID en appelle à la solidarité de tous pour repenser la responsabilité collective dans le soutien à la création cinématographique.


Être moderne, c'est réinventer la fenêtre de la salle. Vivre avec son temps c'est promouvoir la neutralité technologique.


Les cinéastes indépendants s'ajustent aux pratiques qui évoluent, mais ont besoin d'acteurs vertueux contribuant au financement de la création, avec des fenêtres de diffusion adaptées à la spécificité de chaque lm. Voilà comment nous envisageons cette édition 2018, comme les zadistes du cinéma indépendant, comme les défenseurs d'une modernité joyeuse et audacieuse, avec des lieux où partager les belles histoires dont regorge cette année encore la programmation ACID.


Depuis toute l'Europe et de plus loin encore, des cinéastes partagent avec nous leur combat pour la variété des formes, cherchent des moyens de montrer leurs œuvres, trouvent des espaces pour les diffuser. Pour irriguer cette pensée collective, nous avons invité, pour la deuxième édition de l'ACID TRIP, l'association de cinéastes portugais, l'APR, qui présentera trois longs métrages.


Enfin, on ne saurait se remémorer mai 68 sans profiter de la ressortie en version restaurée du si beau Reprise d'Hervé Le Roux. Grâce au soutien de la Cinémathèque du documentaire, nous mettrons ainsi à l'honneur, lors d'une séance spéciale à Cannes, ce film défendu par l'ACID en 1996.


À l'instar de nos aînés à l'ACID, nous prenons nos désirs pour des réalités et œuvrons pour la diversité des formes et des récits pour tous, dans toutes les salles... La salle, la salle, toujours recommencée !

Régis Sauder

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Cinéaste

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Idir Serghine

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Cinéaste


Publié le mardi 01 mai 2018

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