143, Rue du Désert

Un film de Hassen Ferhani

143, Rue du Désert

Un film de Hassen Ferhani

Algérie, France, Qatar - 2019 - 100 min

En plein désert algérien, dans son relais, une femme écrit son histoire. Elle accueille, pour une cigarette, un café ou des œufs, des routiers, des êtres en errance et des rêves... Elle s'appelle Malika.

EN SALLE

Sorti le 16 juin 2021

En salle

143, RUE DU DÉSERT de Hassen Ferhani remporte le Coup de cœur des jeunes ACID - France Culture !

Près de 1200 étudiants, répartis dans toute la France, ont visionné depuis chez eux les films issus des deux sélections : le Coup de cœur des jeunes ACID - France Culture et le Prix Cinéma des étudiants (remis à GAGARINE de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh).

Deux films soutenus conjointement avaient été soumis au vote pour le Coup de coeur : 143 RUE DU DESERT d'Hassen Ferhani et VITALINA VARELA de Pedro Costa (Survivance).


Les jeunes ont récompensé Hassen Ferhani pour 143 RUE DU DESERT, qui sortira le 16 juin en salles (Météore Films).

En 2020, la première édition du Coup de cœur avait récompensé Annabelle Attanasio pour MICKEY AND THE BEAR.


> à lire également sur le site de France Culture <

Actualité

A propos de 143, RUE DU DESERT

Il y a des femmes qui peuplent nos vies de spectateurs et Malika en fera résolument partie. L'héroïne du nouveau film d'Hassen Ferhani tient un café au bord de la Nationale 1 : La Transsaharienne, à 900 km au sud d'Alger, traverse le désert algérien jusqu'à la frontière du Niger. Voilà pour le décor.

143, Rue du désert est une sorte de road-movie immobile. Ce sont les kilomètres qui défilent en hors-champ. Dans son café minuscule aux ouvertures magiques, fenêtres sur un monde infini, Malika a les atours d'une héroïne de roman, ogresse malicieuse, magicienne emmitouflée, une femme seule, au milieu de nulle part avec un horizon balayé par la valse des camions qui filent sur la route du désert.


Le film porte en lui mille et une fictions. Par la poésie de ses images et la beauté des cadres, apparaît la puissance du hors champ, qui fait que l'imaginaire s'emballe. Un homme marche au loin le long d'une route battue par une tempête de sable, un camion passe à toute allure dans l'autre sens et mille fictions sont alors possibles.


Ce pourrait être aussi un western algérien, avec Malika en cousine lointaine de Joan Crawford dans Johnny Guitar. Car il faut en avoir du courage et du caractère pour tenir ce saloon. Pour accueillir les récits de tous ces hommes qui s'arrêtent, font une pause le temps d'un café, d'une omelette  - s'il reste des œufs- ou d'une cigarette. Des camionneurs, des migrants,  des Imams, des militaires, des touristes, qui viennent déposer des histoires du pays au creux de son oreille attentive. La seule femme qui traverse le film est une motarde Polonaise. Et Malika recadrera sitôt la Polonaise partie : un corps d'homme, un visage d'homme… La seule reine en son royaume, c'est elle !


Malika dit à l'un des routiers qu'on ne lui a pas laissé une place dans le monde, or le film dit tout le contraire. Il dit comment, en gardienne du vide, Malika révèle les contours de ce monde.


Peindre un détail pour évoquer le paysage, c'est ainsi qu'Hassen Ferhani s'attache à rester dans ce petit théâtre pour raconter cette femme et l'Algérie. On perçoit dans les récits l'épuisement, la lassitude d'un régime politique à bout. Ce pays au bord, comme ce café au bord, juste avant que les manifestations ne commencent – le film a été tourné en 2018. L'Algérie raconté par ce petit bout de la lorgnette, c'est parfois trois fois rien le cinéma ; 143, Rue du désert est un grand film.

Aurélia Barbet

 - 

Cinéaste


Paroles de cinéastes

A propos de 143 RUE DU DESERT

Le premier plan du film fait surgir un décor à la Bagdad café : le sable à perte de vue, et sur la ligne d'horizon, une silhouette qui s'approche doucement d'une cahute en ciment. 

Voici le royaume de Malika, reine du désert, qui nous invite à « regarder le monde » sur le seuil de sa cabane. Au fil des heures lentement égrenées, débarquent de temps en temps des routiers en quête de compagnie, d'un verre de thé ou d'un casse-croûte. La caméra de Hassen Ferhani se met au rythme de cette attente, avec un art de la composition et un sens de l'écoute qui faisaient déjà tout le sel de son précédent film Dans ma tête un rond-point : les conversations ordinaires et confidences des équarisseurs de cet abattoir d'Alger qui rêvaient d'avenir, d'amour et de fortune, résonnent avec les micro-histoires qui se nouent ici sur un coin de table entre Malika et ses visiteurs de passage. Des échanges en apparence anodins qui évoquent en creux les années de terrorisme, la corruption, le travail qui se fait rare, la religion ou la condition des migrants subsahariens. Loin d'être aride, le documentaire devient parfois un espace de danse, de jeu et de comédie, comme lors de l'irruption d'une motarde polonaise dont Malika moque les allures viriles tout en semblant envier sa liberté, ou avec le malicieux Chawki qui improvise un parloir à travers la fenêtre grillagée, et qui lancera à celle qu'il désigne comme la « gardienne du vide » - un peu désespérée de voir s'ouvrir une station-service qui menace de ruiner son maigre commerce - cette belle injonction : « résiste comme tu as toujours fait ». Esquisse d'une Algérie en suspens, 143 rue du Désert est aussi le portrait émouvant d'une femme qui se tient au milieu des hommes, et qui tout en s'en remettant à Dieu, se moque des religieux et des faiseurs de morale.



Sylvie Larroque

 - 

Programmatrice


L'Atalante Bayonne
Paroles de programmateurs

Retour au cinéma : les (re)sorties ACID !

Enfin ! Plus qu'une semaine avant la réouverture des cinémas !

Vous pourrez y découvrir plusieurs films ACID dont la vie en salles avait été abrégée - si ce n'est quasi empêchée - par l'épidémie de Covid-19.

AU CINÉMA DÈS LE 22 JUIN :

SI C'ÉTAIT DE L'AMOUR de Patric Chiha

En salles dès le 22 juin


Ils sont quinze jeunes danseurs, d'origines et d'horizons divers. Ils sont en tournée pour danser Crowd, une pièce de Gisèle Vienne sur les raves des années 90. En les suivant de théâtre en théâtre, Si c'était de l'amour documente leur travail et leurs étranges et intimes relations. Car les frontières se troublent. La scène a l'air de contaminer la vie – à moins que ce ne soit l'inverse. De documentaire sur la danse, le film se fait alors voyage troublant à travers nos nuits, nos fêtes, nos amours.


KONGO de Hadrien La Vapeur & Corto Vaclav

En salles dès le 22 juin


À Brazzaville, un monde invisible régit le monde visible. L'apôtre Médard se démène pour guérir les malades victimes de mauvais sorts. Mais sa vie bascule lorsqu'on l'accuse publiquement de pratiquer la magie noire.


MICKEY AND THE BEAR de Annabelle Attanasio

En salles dès le 22 juin


Mickey Peck, une adolescente du Montana, a la lourde responsabilité de s'occuper de son père, un vétéran accro aux opiacés. Quand l'opportunité se présente de quitter pour de bon le foyer, elle fait face à un choix impossible...

ET BIENtôt...

EVA EN AOÛT de Jonás Trueba

En salles le 5 août


Eva, 33 ans, décide de rester à Madrid pour le mois d'août, tandis que ses amis sont partis en vacances. Les jours s'écoulent dans une torpeur madrilène festive et joyeuse et sont autant d'opportunités de rencontres pour la jeune femme.


143, RUE DU DÉSERT de Hassen Ferhani

En salles le 16 décembre


En plein désert algérien, dans son relais, une femme écrit son histoire. Elle accueille, pour une cigarette, un café ou des œufs, des routiers, des êtres en errance et des rêves... Elle s'appelle Malika.

Article

Come Together - News #12

Le 11 juin 2020


L'avant-dernière newsletter hebdomadaire, pour tenir jusqu'à la réouverture de nos chères salles obscures le 22 juin - et donc la (re) sortie de SI C'ÉTAIT DE L'AMOUR de Patric Chiha et de KONGO de Hadrien La Vapeur & Corto Vaclav.

Afin de continuer à faire vivre le cinéma que nous défendons donc, de nouvelles idées de films à voir depuis chez vous, des textes de cinéastes, des idées de musiques pour accompagner vos journées ou vos nuits. Et pour cette semaine, un focus spécial "Contes & Légendes" avec deux films nous venant de temps immémoriaux.

Si ce n'est pas encore fait, vous pouvez nous suivre sur Facebook, Instagram, et Twitter !


Les cinéastes et l'équipe de l'ACID


PROPOSITIONS VOD "Contes & légendes"

DU SOLEIL POUR LES GUEUX de Alain Guiraudie


Une jeune coiffeuse au chômage veut rencontrer les bergers d'Ounayes. Un bandit d'escapade veut quitter son pays. Un grand guerrier veut capturer le bandit...


Soutenu par l'ACID en 2001 - A voir en VOD sur Shellac


HONOR DE CAVALLERIA de Albert Serra


Guidés par le hasard, Don Quichotte et Sancho poursuivent jour et nuit leur voyage à la recherche d'aventures. Ils chevauchent à travers champs, bivouaquent à la belle étoile, conversent, guettent un ennemi invisible.


Soutenu par l'ACID en 2007 - A voir en VOD sur UniversCiné


PROCHAINEMENT AU CINÉMA


KONGO de Hadrien La Vapeur & Corto Vaclav

En salles le 22/06


SI C'ÉTAIT DE L'AMOUR de Patric Chiha

En salles le 22/06


EVA EN AOÛT de Jonás Trueba

En salles le 05/08


143, RUE DU DÉSERT de Hassen Ferhani

En salles le 16/12


UN PEU DE LECTURE...

« Il y a des femmes qui peuplent nos vies de spectateurs et Malika en fera résolument partie. L'héroïne du nouveau film d'Hassen Ferhani tient un café au bord de la Nationale 1 : La Transsaharienne, à 900 km au sud d'Alger, traverse le désert algérien jusqu'à la frontière du Niger. Voilà pour le décor.                   


143, Rue du désert est une sorte de road-movie immobile. Ce sont les kilomètres qui défilent en hors-champ. Dans son café minuscule aux ouvertures magiques, fenêtres sur un monde infini, Malika a les atours d'une héroïne de roman, ogresse malicieuse, magicienne emmitouflée, une femme seule, au milieu de nulle part avec un horizon balayé par la valse des camions qui filent sur la route du désert.


Le film porte en lui mille et une fictions. Par la poésie de ses images et la beauté des cadres, apparaît la puissance du hors champ, qui fait que l'imaginaire s'emballe. Un homme marche au loin le long d'une route battue par une tempête de sable, un camion passe à toute allure dans l'autre sens et mille fictions sont alors possibles.


Ce pourrait être aussi un western algérien, avec Malika en cousine lointaine de Joan Crawford dans Johnny Guitar. Car il faut en avoir du courage et du caractère pour tenir ce saloon. Pour accueillir les récits de tous ces hommes qui s'arrêtent, font une pause le temps d'un café, d'une omelette  - s'il reste des œufs - ou d'une cigarette. Des camionneurs, des migrants,  des Imams, des militaires, des touristes, qui viennent déposer des histoires du pays au creux de son oreille attentive. La seule femme qui traverse le film est une motarde Polonaise. Et Malika recadrera sitôt la Polonaise partie : un corps d'homme, un visage d'homme… La seule reine en son royaume, c'est elle !


Malika dit à l'un des routiers qu'on ne lui a pas laissé une place dans le monde, or le film dit tout le contraire. Il dit comment, en gardienne du vide, Malika révèle les contours de ce monde.


Peindre un détail pour évoquer le paysage, c'est ainsi qu'Hassen Ferhani s'attache à rester dans ce petit théâtre pour raconter cette femme et l'Algérie. On perçoit dans les récits l'épuisement, la lassitude d'un régime politique à bout. Ce pays au bord, comme ce café au bord, juste avant que les manifestations ne commencent – le film a été tourné en 2018. L'Algérie raconté par ce petit bout de la lorgnette, c'est parfois trois fois rien le cinéma ; 143, Rue du désert est un grand film. »

 

La cinéaste Aurélia Barbet  à propos de 143, RUE DU DÉSERT de Hassen Ferhani


...ET DE LA MUSIQUE

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Ella van der Woude - "Take Me To the Mall"

Morceau entendu dans TAKE ME SOMEWHERE NICE d'Ena Sendijarević qui sortira en salles au printemps 2021 (suite à un changement de date ; non pas le 8 juillet comme précédemment annoncé).


Ça fait bizarre de revoir du monde, non ?

(image tirée de LA BATAILLE DE SOLFERINO de Justine Triet - Soutenu en 2013)


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