Il Mio Corpo

Un film de Michele Pennetta

Il Mio Corpo

Un film de Michele Pennetta

Suisse, Italie - 2020 - 80 min

Sous le soleil de Sicile, Oscar récupère de la ferraille avec son père. A l’autre bout de la ville, Stanley le Nigérian vivote grâce aux petits travaux donnés par le prêtre de la paroisse. Tous deux ont le même désir, celui d’une vie meilleure…

Under the Sicilian sunlight, Oscar collects scrap metal with his father. At the other end of town, Stanley the Nigerian migrant gets by thanks to small tasks given by the parish priest. Both share the same desire for a better life…

EN SALLE

Sorti le 26 mai 2021

En salle

A propos de IL MIO CORPO

Une camionnette se rend sur un pont en surplomb d'une décharge, l'image insiste sur la trajectoire, on suit les lacets et la fatalité de cette route qui mène au lieu de la survie économique : un terrain vague, pentu, écrasé de soleil. 

Un enfant, Oscar, y cherche ce qui fera vivre sa famille. La lumière est partout. L'image, fixe, imprime le labeur, la solitude et la fatigue. En haut, son père attend avec une corde. La caméra accompagne lentement dans un mouvement vertical la remontée des restes d'une société qui semble avoir disparu. Elle s'accroche aux gestes de l'enfant, à sa tristesse et sa beauté. Il est seul, parmi la lumière et les déchets du monde.


Le cinéaste a choisi le centre de la Sicile comme un miroir de l'Europe, pour nous raconter le destin de ceux qui mènent une vie décidée par d'autres. C'est ici que le voyage de Stanley, un réfugié africain, s'est arrêté, enfermé dans une terre désertée. Dans ce territoire autrefois riche, les mines ont fermé. Les lignes de chemins de fer sont désaffectées et les ouvriers sont partis. Stanley, tout comme Oscar, travaille dur, pour presque rien. Le montage est serré entre ces deux solitudes immobiles. Elles se répondent. La photographie réussit à rendre à ces deux êtres la force qu'il leur reste, malgré la brutalité et le soleil qui les écrasent. Le réalisateur parvient à saisir une beauté très particulière d'une réalité sicilienne cruelle, décadente. Ces deux personnages n'auraient jamais dû se rencontrer, se croiser, mais Stanley et Oscar sont les deux réalités d'un même abandon. Le cinéaste assume sa subjectivité en déportant son documentaire à la limite de la fiction, et brisant cette frontière livre un essai d'une grande puissance poétique. Il réussit à métaboliser les émotions de ces deux êtres que rien ne relie sauf ce qu'ils racontent de notre société. Celle d'une Europe qui installe ses réfugiés là où il ne reste plus rien. 


A small truck crosses a bridge which overlooks a garbage dump. The camera meticulously follows the winding and gloomy trajectory of the truck which leads it to a place where people seek economical survival: a dump located on a slope under a scorching sun. 

A young boy named Oscar goes there to try to find some stuff he could sell in order to give a little money to his family. The sunlight is blinding. The static camera records the boy's labour, his solitude and his fatigue. At the top of the slope, his father is waiting with a rope in his hands. Then, in a slow vertical movement, the camera follows what the father pulls back with the rope: used objects which are the leftovers of a society that seems to no longer exist. It records the boys' gestures, but also his sadness and his beauty. The boy stands alone, surrounded by sunlight and the waste of the world.


In order to tell us the story of those whose destiny has been decided by others, the filmmaker has chosen the centre of Sicily, which embodies Europe in its totality. Sicily is this deserted and closed place, where the trip of Stanley, an African refugee, ends. In this territory that once was rich, the mines have shut down, the railway lines are disused and the workers are gone. Just like Oscar, Stanley works hard and earns almost nothing. By alternatively following both characters, the movie shows that Stanley's loneliness mirrors Oscar's. In spite of the brutality of their living and working conditions, in spite of the blistering sun, the way they are filmed succeeds in showing on the screen the strength these two beings still have. The filmmaker manages to capture the very peculiar beauty of this cruel and decadent Sicilian reality. These two characters should never have met, but the common point between Stanley and Oscar is that they have both been abandoned. Michele Pennetta assumes his subjective point of view by deliberately blurring the boundary that exists between shooting a documentary and creating a work of fiction. By doing so, he gives a great poetic power to his movie and he succeeds in metabolizing the emotions of these two human beings who have nothing in common except what their lives tell us about our society. What they tell us is the story of Europe, a continent that chooses to settle its refugees where there is nothing left.

Alice Odiot

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Cinéaste


Philippe Fernandez

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Cinéaste


Paroles de cinéastes

A propos de IL MIO CORPO

Documentaire ou fiction, peu importe, Michele Pennetta réussit à nous faire oublier cette fausse frontière par une mise en scène précise, par un regard et une attention singulière qui permettent à la caméra de s'approcher au plus près des personnages tout en se faisant oublier.

Il mio corpo nous ouvre les portes d'un conte moderne, l'histoire de ceux que notre société a rendu invisibles et dont elle ne veut pas connaître l'existence. L'histoire d'hommes comme Stanley le Nigérian, jetés comme de la ferraille le long des routes, comme Oscar et sa famille de ferrailleurs qui la ramassent. Deux récits de survies guidées par un profond désir d'une vie meilleure.

Il mio corpo raconte aussi la Sicile, une terre minière jadis riche qui n'en porte plus que la cicatrice. Un lieu où le temps s'étire, où chacun se débat pour briser le cycle dans lequel son histoire s'enlise.

Aucun misérabilisme, aucune esthétisation de la misère. Pourtant, séquence après séquence, la puissance de la lumière sicilienne joue des contrastes et, sans jamais trahir le sujet, restitue la beauté que porte chaque personnage. La magie de l'image opère et chaque plan révèle un cadre parfait, quasi photographique – sans pour autant chahuter l'impression de naturel dans laquelle nous plonge le film.

Peu à peu, nous spectateurs devenons un ces personnages, trouvons notre place au milieu de ces histoires, partageons ce désir d'un futur meilleur et sommes emportés par les moments de grâce et de poésie du film – comme lors de la séquence de la baignade.

A ses personnages peu bavards, à la Sicile, Michele Pennetta offre une bande-son d'exception : le Stabat Mater de Pergolèse, seule musique du film et œuvre destinée par son auteur à n'être jouée que dans une église, avec interdiction de l'écrire. La légende raconte que le jeune Mozart aurait entendu cette œuvre dans une église napolitaine et qu'il en aurait la nuit suivante retranscrit de mémoire la partition intégrale qui nous est parvenue.

Il mio corpo est un peu cette histoire : l'invisibilité brisée pour être livrée à nos regards.

Christophe Duthoit

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Programmateur


Cinéma Marcel Pagnol Malakoff
Paroles de programmateurs

INVITATIONS AU SPECTATEUR - IL MIO CORPO

AU PLUS PRÈS DES HOMMES

Le dispositif imaginé par Michele Pennetta, très proche de ses deux protagonistes et de la réalité de leurs vies de tous les jours, induit un travail préparatoire de tournage proche d'une mise en place ethnographique : installer pas à pas une relation de confiance entre le filmeur et les filmés ; les habituer patiemment à la présence d'une caméra ; se fondre dans le décor pour effacer chaque biais. On entre dans le quotidien des deux personnages par leurs gestes laborieux (Oscar harnache solidement des débris rouillés, Stanley brique le sol marbré d'une petite église) afin de rendre compte en premier lieu de leur condition sociale. Cette attention méticuleuse défend le film de toute tentation intrusive ou voyeuriste. C'est une oeuvre faite “avec” et non “sur” : Michele Pennetta accompagne ses héros plus qu'il ne les confronte. Arriver à ce degré d'intimité – parfois dure et crue, comme dans le scène du petit-déjeuner où Marco, le père, s'emporte contre ses deux fils au sujet de leur mère – sans forcer le regard tient de l'équilibrisme. Un pacte tacitement passé avec les spectateurs protège ainsi Il mio corpo de toute complaisance ou impudeur. Ce contrat moral se transpose directement dans la mise en scène qui refuse l'esthétisation factice en n'usant que de lumière naturelle et de prise de son directe. A l'exception du Stabat Mater de Pergolèse que l'on entend de façon diégétique dans l'église que nettoie Stanley, puis repris dans le générique final, aucune musique ne vient forcer la dramaturgie. Au contraire, le récit semble se détacher, comme immanent, de ce paysage brûlé par le soleil et la précarité.


PAR DELÀ DOCUMENTAIRE ET FICTION

S'il rejette ainsi une certaine beauté “artificielle”, Michele Pennetta ne se cache pas pour autant d'un travail de scénarisation approfondi. Il mio corpo a ainsi été écrit en trois temps : en amont du tournage, où l'idée du double portrait de Stanley et d'Oscar est née ; pendant, où le projet de départ est venu se cogner aux accidents du réel ; et surtout après, sur la table de montage, où la narration parallèle du film a pris finalement forme – inventant la possibilité d'une rencontre entre les deux personnages… 


Cette écriture n'est pas fictionnelle au sens strict, en tant qu'elle n'invente pas la réalité sur laquelle elle se fonde mais cherche plutôt à lui donner un sens. Si l'on doit chercher quelques traces de fiction ici et là, c'est davantage via d'implicites références cinématographiques : le format Scope rappelle le western, de nombreux motifs iconiques renvoient à l'histoire du cinéma italien (les enfants du néoréalisme, les ragazzi pasoliniens, la Sicile viscontienne), une séquence nocturne flirte avec le surnaturel. Mais aussi par l'omniprésence d'éléments religieux qui réaffirment l'importance du catholicisme dans la culture des habitants de l'île et nimbent Il mio corpo d'une forme d'aura.


En cela, la démarche de Michele Pennetta appelle à dépasser la question des genres et à en comprendre l'interdépendance – même les gestes les plus triviaux s'inscrivent dans un monde d'histoires et de croyances, d'imaginaires et d'héritages. L'avant-dernier plan du film parachève cette confusion des genres en provoquant enfin la rencontre tant attendue de Stanley et d'Oscar (et peut-être rêvée) – et qui n'aurait jamais existé sans le tournage. Le réalisateur saisit une scène imprévisible de simplicité : un enfant qui dort et un adulte qui veille sur lui.

Article

L'ACID dévoile sa programmation ACID Cannes 2020 hors les murs

« Tandis que le réel semblait basculer dans une autre dimension, la programmation ACID 2020 s'ingéniait à y trouver des équilibres instables, certes, mais puissants, pour un cinéma peuplé de funambules, dont l'amour éperdu chargé de tendresse insinue en nous des voix qui chantent, et nous entraînent. S'enlacent ainsi sur un fil fiction et documentaire pour jouer avec les abîmes du monde non pour le plaindre mais le produire à distance. Projetons dans un paysage un destin d'enfant ! Que la peur soit éparpillée aux quatre coins de territoires colorés, sillonnés par les vents et les ombres, illuminés. Tel est l'accomplissement auquel, nous cinéastes, vous convions cette année. L'audace invincible persiste, prête à toutes les beautés. » 


Nous avons été 13 cinéastes cette année à visionner pendant des mois plusieurs centaines de films – dont 30 % proposés par des réalisatrices – avec le soin et l'exigence dûs à celles et ceux qui partout dans le monde continuent à créer et à résister.

 

Malgré les circonstances, nous avons choisi de conserver les critères habituels de la programmation ACID CANNES, à savoir nous engager sur le soutien d'autant de films que d'habitude, 9 longs-métrages, avec la même attention particulière accordée aux films sans distributeur et aux premiers longs.

Sur ces 5 fictions et 4 documentaires de création, 5 films ont été réalisés par des femmes.

Nous avons également décidé ces derniers jours, avec la Sélection Officielle, de co-présenter un de nos coups de cœur communs.

Seule la programmation ACID TRIP #4, qui devait être consacrée au jeune cinéma chilien, est reportée à 2021.

 

C'est une aventure de plusieurs mois qui débute entre nous cinéastes, l'équipe de l'ACID et ces films soutenus, même si son point de départ ne sera malheureusement pas la ville de Cannes.

 

Dès le mois de juin, nous travaillerons à la promotion des films auprès de nos partenaires internationaux au sein du Marché du Film de Cannes online. A l'automne, nous accompagnerons en régions des projections professionnelles à destination des exploitants de salles. 

 

Nous accueillerons, en chair et en os nous l'espérons, les équipes de films lors des projections publiques qui se tiendront du 25 au 29 septembre au Louxor à Paris, du 2 au 4 octobre au Comoedia à Lyon, du 8 au 11 octobre au Gyptis et à La Baleine à Marseille. Puis également à la Cinémathèque de Corse, ainsi que dans de nombreux festivals partenaires qui nous font l'honneur de nous inviter en France comme à l'international.

 

L'ACID déploiera ensuite ses dispositifs de programmation, d'accompagnement et d'éducation à l'image grâce à notre réseau de salles adhérentes, de partenaires éducatifs ainsi qu'à nos spectateurs “relais” et jeunes ambassadeurs.

 

Nous avons hâte de vous retrouver, de près, dans les salles de cinéma !


LES 13 CINÉASTES PROGRAMMATEURS 2020 :

Anne Alix, Stéphane Batut, Caroline Capelle, Aude Chevalier-Beaumel, Michaël Dacheux, Philippe Fernandez, Jean-Louis Gonnet, Ombline Ley, Hélène Milano, Alice Odiot, Alain Raoust, Idir Serghine, Laure Vermeersch

et l'équipe de l'ACID


THE ACID CANNES 2020 PROGRAMME:


« While reality seemed to be shifting into another dimension, the ACID 2020 programme was ingenious in finding unstable but powerful balances for a cinema populated by tightrope walkers, whose love, filled with tenderness, insinuates in us voices that sing and carry us along. Thus we embrace a fiction and documentary thread to play with the abysses of the world, not to pity it but to produce it from a distance. Let's project a child's destiny in a landscape! Let fear be scattered in the four corners of colourful territories, criss-crossed by winds and shadows, illuminated. This is the achievement to which we filmmakers invite you this year. The invincible audacity persists, ready for all the beauties. » 

We were 13 filmmakers this year, watching several hundred films for months - 30% of them by women directors - with the care and attention due to those around the world who continue to create and resist.

 

Despite the circumstances, we have chosen to maintain the usual criteria of ACID CANNES programming, namely to commit to supporting as many films, 9 feature films, with the same special attention given to films without distributors and first features.

Out of these 5 fictions and 4 creative documentaries, 5 films are directed by women.

We have also decided over the last few days to co-present with the Official Selection one of our common favourites.

 

Only the ACID TRIP #4 program, which was supposed to be dedicated to young Chilean cinema, has been postponed to 2021.

 

As every year, it is an adventure of several months that begins between us filmmakers, the ACID team and these supported films, even if its starting point will unfortunately not be the city of Cannes.

 

Starting in June, we will work to promote the films to our international partners at the online Cannes Film Market and, in the fall, professional screenings will be held in the regions for exhibitors.

 

We will, we hope, welcome the film teams at the public screenings to be held from September 25 to September 29 at Le Louxor in Paris, from October 2 to October 4 at Comoedia in Lyon, from October 9 to October 13 at Gyptis and La Baleine in Marseille. Then also at the Cinémathèque de Corse, as well as in numerous partner festivals that do us the honour of inviting us in France and abroad.

 

The ACID will then deploy its programming, support and image education measures thanks to our network of member cinemas, educational partners and our "relay" spectators and young ambassadors.

 

We look forward to seeing you, up close, in the cinemas.


THE 13 FILMMAKER-PROGRAMMERS 2020 :

Anne Alix, Stéphane Batut, Caroline Capelle, Aude Chevalier-Beaumel, Michaël Dacheux, Philippe Fernandez, Jean-Louis Gonnet, Ombline Ley, Hélène Milano, Alice Odiot, Alain Raoust, Idir Serghine, Laure Vermeersch

and the ACID team


Article

Les films ACID Cannes 2020 achetés par des distributeurs

Nous sommes heureux de vous annoncer que plusieurs films parmi les neuf programmés à l'ACID Cannes 2020 hors les murs ont été achetés par des distributeurs :

Par ailleurs SI LE VENT TOMBE de Nora Martirosyan sera distribué par Arizona Distribution.


  


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