Policier et père parfait, Jimmy est un homme exemplaire. Enfin presque... puisqu'à la mort de sa mère, son monde s'écroule, il perd un peu pied : control freak, névrotique, surdoué, inadapté, ou un peu tout ça à la fois ? Mais Jimmy incarne aussi l'envers de la success story américaine qui, dans une ville un peu étriquée, fait basculer certains dans la folie. Dans Thunder road, la chanson de Bruce Springsteen, l'homme dit à la jeune femme d'aller découvrir le monde, de quitter sa petite ville…
La folie de Jimmy, c'est toujours de son point de vue que nous la voyons. La mise en scène et la narration ne traduisent que son regard. C'est un personnage sublime, toujours sur la brèche, que nous offrent la réalisation et l'interprétation de Jim Cummings. Entre rire et larmes, raison et folie, ridicule et beauté, James est constamment sur le fil. Tout peut basculer d'une seconde à l'autre. La frontière entre good et bad cop disparaît.
Jim Cummings accompagne son personnage par une mise en scène extrêmement épurée, comme s'il fallait raconter l'histoire en un minimum de plans. L'essentiel est là, pas plus. Le rythme, lui, surgit de l'intérieur du cadre, parfois avec fulgurance, comme les émotions qui viennent submerger le héros. Mais c'est dans l'art de l'ellipse que Jim Cummings est le plus radical. Elle fait partie de son cinéma et vient recréer le temps mental de son personnage, sans doute plus en proie aux ruptures que les autres.
Pour pousser plus loin encore l'expérience, le film s'accorde à restituer une parole hypnotique. Jimmy parle presque sans discontinuer. Il pense à voix haute et s'accroche aux mots, comme s'ils étaient encore ce qui lui permettait de garder un lien avec les autres. Un lien avec ce monde qui délire.