Le rêve américain est notre pain quotidien. Happé par la puissance évocatrice de ce territoire à conquérir, Nous, les coyotes nous invite à suivre un jeune couple débarquant à Los Angeles pour y vivre son propre rêve. Leur désir d'émancipation, de réalisation de soi se confronte tout au long du film à la réalité brutale d'une société produisant autant d'illusions que de laissés-pour-compte. Alors comment continuer à y croire, comment continuer à s'aimer lorsque l'horizon s'obscurcit irrémédiablement ? C'est ici que le couple de cinéastes, comme en écho à leurs propres héros, par leur regard à la fois tendre et précis, nous offre peut-être la solution.
Et si plutôt que d'entrer en guerre contre le monde, il s'agissait plutôt de se laisser dériver jusqu'à sa marge afin d'y trouver refuge et réconfort ? S'engager vers cette destination demande d'abandonner ses certitudes, de détourner le regard de ce qui brille, de porter attention au fragile scintillement de nos désirs enfouis. Dans un même mouvement, les cinéastes français offrent par leur mise en scène un regard renouvelé sur l'esthétique du cinéma indépendant américain dont ils s'inspirent. Tout en assumant la filiation, ils s'en libèrent par un récit qui évite le piège des clichés éculés. Portés par la justesse des acteurs, ils s'attachent à restituer la poésie souterraine du territoire qu'ils filment. Vivre le monde de l'intérieur, en connaître ses règles ne suffit pas pour en saisir sa véritable nature. Il faut, comme semble le suggérer Nous, les coyotes, en arpenter les abords, prendre de la hauteur. Pour le réinventer.
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We crave the American dream. We are haunted by the evocative power of this territory to conquer, We the Coyotes invites you to follow a young couple driving to Los Angeles to live their own dream. Their desire for emancipation and fullfilment is confronted throughout the film with the brutal reality of a society producing as many illusions as the price you pay for them. How can one continue to believe in it, how can one continue to love oneself when the horizon becomes irrevocably darkened? It is here that these filmmakers, as echoing their own heroes by their look both tender and stern, offers us perhaps, the solution.
And if rather than go to war against the world, its best to let yourself drift to the edge to find refuge and comfort? Committing to this destination requires abandoning one's certainty, turning one's gaze away from what shines, paying attention to the fragile flicker of our hidden desires. In the same movement, these French filmmakers offer us, by their mise en scène, a renewed look at the aesthetics of American independent cinema from which they took inspiration. While assuming their responsibilities, they free themselves by a story that avoids the trap of worn clichés. Driven by the accuracy of the actors, they strive to restore the underground poetry of the country they film. To live the world from the inside, to know its rules is not enough to grasp its true nature. It is necessary, as suggested by We The Coyotes, to walk the edges, to gain height. To reinvent it.